Confronté aux vieillissement de la population avec le doublement de la population des plus de 75 ans à l’horizon 2070 en France selon l’INSEE, au-delà des enjeux en matière de santé ou d’équipements, cette donne représente un enjeu de taille. En effet, les politiques de logement à différents niveaux doivent continuellement s’affiner afin de garantir un parc résidentiel permettant à chacun des ménages d’être hébergé dans des conditions garantissant son autonomie. Ces politiques doivent pouvoir identifier les publics, mais aussi identifier les caractéristiques du parc de logement actuel et mettre en œuvre des solutions d’adaptation de l’habitat afin de répondre aux enjeux du vieillissement.
Dans cette perspective, nous proposons un panorama des différentes solutions d’habitat individuels ou collectifs pour les personnes âgées autonomes, enrichi de ressources extérieures et d’expériences en Bretagne et Pays de Loire.
1. Habitabilité des villes pour les seniors : un enjeu d’identification
Habiter un espace ne s’arrête pas au domicile mais comprend un espace de vie plus large dans lequel un individu trouve les ressources nécessaires à ses besoins et envies. Avec l’âge, les mobilités deviennent plus difficiles et cet espace de vie se comprime géographiquement, de telle sorte qu’il apparait important d’identifier dans les villes les secteurs où se trouvent en proximité immédiate tous les services et équipements nécessaires (services publics, commerces, équipements socio-sportifs, pharmacies, offre de soins, transports en communs, etc.).
Comme à Rennes, ce travail d’identification sert à distinguer les secteurs à cibler pour la construction neuve ou réhabilitation de logements adaptés aux besoins des seniors. Dans une démarche similaire, la collectivité de Lyon intègre dans ce repérage la prise en compte des secteurs où sont surreprésentés les publics seniors afin de vérifier que ces zones soient, à la fois, bien adaptés en matière de services mais également en matière de logements.
Figure 1 | source : https://www.aduga.org/doc_num_data.php?explnum_id=6799
Autres expériences
- Présentations de la démarche lyonnaise d’identification des secteurs favorables au vieillissement. En savoir plus
2. Adaptabilité des logements aux besoins des seniors
Les enjeux liés au vieillissement vont au-delà des questions d’équipement et doivent questionner le logement en lui-même dans sa capacité à pouvoir offrir des conditions garantissant a minima l’autonomie. L’évolutivité des logements est d’autant plus importante que les résidents sont attachés à leur lieu de vie de telle sorte que « 67% des personnes âgées de plus de 60 ans souhaiteraient passer le reste de leur vie dans le logement qu’elles occupent » (Rapport Broussy, 2021 : 58). D’autant que changer de logement voire de quartier peut représenter une épreuve importante puisque imposer aux habitants de déployer des compétences de réadaptation à ces nouveaux environnements peut faire peser pour les profils les plus en difficultés des risques de repli voire d’isolement. En somme, cette question présente deux enjeux principaux pour les politiques publiques :
Repérer et évaluer l’offre de logements accessibles
Si les équipements d’accueil collectif des personnes âgées (EHPAD, résidence service, etc.) sont généralement bien identifiés par les acteurs publics, il reste souvent plus difficile d’évaluer sur l’ensemble d’un territoire le nombre de logements accessibles ou adaptés aux besoins des séniors (ascenseur, salle de bain, domotique, etc.). Par ailleurs, ce repérage peut être mis au bénéfice d’une politique d’attribution des logements sociaux plus fine comme expérimenté à Rennes.
Figure 2 | Exemple rennais de diagnostic et d’identification des secteurs favorables au vieillissement
Source : https://www.aduga.org/doc_num_data.php?explnum_id=6799
Rapports et retours d’expérience
- Organiser un système de recensement de l’offre de logements accessibles. Rapport final. CETE de Lyon. En savoir plus
- Recensement des logements accessibles : quels retours d’expériences pour dépasser les difficultés ? En savoir plus
- Adaptation du parc de logements privés au vieillissement : un essai de mesure et de territorialisation du besoin (CEREMA, 2022). En savoir plus
Adapter le parc social et privé
On parle d’un logement adapté lorsque ce dernier a des caractéristiques qui répondent aux besoins du ménage occupant lui permettant d’y résider en autonomie. Ainsi, contrairement à la notion d’accessibilité relevant du cadre réglementaire de la construction neuve, l’adaptabilité d’un logement s’évalue à l’aune des besoins d’un ménage par un ergothérapeute ou un architecte. Cependant, s’agissant des personnes âgées, il est possible d’anticiper la nature des adaptations (mobilité verticale, risque de chute, force, etc.). Or par exemple, à l’échelle nationale, seul 37% des logements sociaux français ont accès à un ascenseur (Rapport Broussy, 2021 :59).
Si les acteurs de l’habitat peuvent être proactifs dans ces démarches d’adaptation structurelle des logements et dans les efforts de gestion, face à la difficulté d’appréhender les besoins, il apparait nécessaire en parallèle de communiquer auprès des ménages sur les solutions existantes (demande auprès des bailleurs, aides financières et conseils, conseil d’aménagement et d’équipement du domicile, etc.).
Ressources pour aller plus loin
- Rapport Broussy sur l’adaptation des logements, des villes, des mobilités et des territoires à la transition démographique. En savoir plus
- Vieillir en logement social : les défis de l’accessibilité et de l’adaptation (Thomas Chevandier, Fondation Jean Jaurès). En savoir plus
- Le logement évolutif : une réponse pour l’accessibilité universelle des logements ? (CEREMA 2020). En savoir plus
- Mise en accessibilité des logements existants. (CEREMA, 2015). En savoir plus
- Un Référentiel des adaptations des logements neufs et réhabilitations à Rennes Métropole. En savoir plus
- Le Creat : un logement témoin pour sensibiliser à l’adaptation des logements (Nantes). En Savoir plus
- Centre d’informations et de conseils sur les aides techniques (CICAT). (Pays de la Loire)
- Aménager son logement et s’équiper. En savoir plus
- L’adaptation du logement aux personnes handicapées et aux personnes âgées. En savoir plus
- Plateforme d’aide et d’information. Jamenagemonlogement.fr. En savoir plus
3. Des solutions collectives pour l’habitat des seniors
En parallèle des solutions individuelles, il existe de nombreuses solutions d’habitat collectif à destination des séniors que nous proposons ici de présenter succinctement.
Les résidences autonomies
Les résidences autonomies s’adressent à des personnes autonomes et proposent des logements locatifs associés à des services collectifs. Leur fonctionnement et les services collectifs mis en place sont encadrés par la loi (espaces collectifs, restauration, blanchisserie, animations, etc.) et ces établissements, souvent gérés par des structures publiques ou associatives, ont des loyers qui sont modérés.
Ressource pour aller plus loin
Les résidences services
Les résidences services s’adressent à des personnes autonomes et sont composées de logements individuels locatifs ou propriétaires auxquels sont associés des services de proximité. Ces structures peuvent être gérées par des associations ou du privé. Elles permettent aux habitants de garder une indépendance tout en bénéficiant d’un environnement pensé pour les besoins des personnes âgées (aménagements, services, accès aux soins, restauration, etc.)
Ressources et expériences
- Les résidences services, pour qui ?
- Maison Helena, un concept innovant au service des séniors autonomes (Espacil Habitat, Rennes). En savoir plus
- A Brest BMH produit des résidences services sociales pour les personnes âgées aux revenus modestes. En savoir plus
- Regard critique : Les résidences services seniors : nouvel avatar de la financiarisation urbaine. En savoir plus
Habitat inclusif, regroupé, béguinage et colocation entre seniors
Solution alternative aux résidences et EHPAD, ces types de logements indépendants, adaptés aux personnes âgées et regroupés, s’appuient plutôt sur l’entraide entre résidents et sur la mutualisation de locaux ou services. L’idée est de favoriser le maintien de relations sociales et de participation/engagements collectifs à différentes échelles. Dans ces types d’habitat, les résidents sont autonomes et libres de participer à la vie collective ou de faire appel aux services. Dans certains cas, ces ensembles de logements séniors sont associés à d’autres habitats destinés à d’autres publics et offrant une certaine mixité à l’échelle du programme.
Ressources et expériences
- Association Loki Ora, des colocations de seniors en milieu urbain (Nantes). En savoir plus
- Le Mans : un projet de béguinage va voir le jour en 2020 . En savoir plus
- Cette famille, colocation senior, habitat partagé et accueil familial (France). En savoir plus
- La coloc pour personnes âgées arrive à Quimper ! En savoir plus
- Association Vivre en Béguinage. Accompagnement à l’émergence et l’animation de béguinages. En savoir plus
- La résidence Orgéria, des pavillons dans un espace ouvert et animé (Rennes). En savoir plus
- A Saint-Malo, Emeraude Habitation expérimente une résidence inclusive pour séniors et personnes en situation de handicap. En Savoir plus
- A Brest, BMH et l’association les Genêts d’or portent un projet d’habitat inclusif. En savoir plus
- Un programme mixte intégrant une résidence senior et une maison médicale (Lorient). En savoir plus
- Maison Les Demeures du Parc, un habitat inclusif pour lutter contre l’isolement (Nantes). En savoir plus
Habitat et colocation intergénérationnels
Souvent sur des modèles proches de l’habitat inclusif, les solutions d’habitat intergénérationnel associent dans un même ensemble la présence de logements destinés aux seniors et la présence d’habitat pour les familles ou les jeunes (travailleurs, étudiants). Ce côtoiement peut donner lieu à des espaces partagés voire d’échange de services.
La colocation intergénérationnelle solidaire est définie par la loi ELAN comme permettant à « des personnes de plus de 60 ans de louer ou de sous-louer une partie de leur logement à un jeune (moins de 30 ans), dans l’objectif de renforcer le lien social et de faciliter l’accès au logement à un jeune ». Cette solution s’adresse aux personnes âgées propriétaires mais aussi locataires du parc social (à condition d’en informer le bailleur au préalable) et permet à ces derniers de sous-louer une chambre à un tarif solidaire en échange de quelques services.
Ressources et expériences
- Association Le Temps pour toit. Cohabitation intergénérationnelle (Nantes, Saint-Nazaire, Angers). En savoir plus
- Résidence intergénérationnelle pour seniors et jeunes à faibles revenus (Lanester, habitat humanisme). En savoir plus
- Voisin.es Solidaires, une résidence intergénérationnelle (Saint-Nazaire). En savoir plus
- A Rennes, junior et senior font toit commun. En savoir plus
- La cohabitation intergénérationnelle solidaire dans le logement social. En savoir plus
- Qu’est-ce que la cohabitation intergénérationnelle ? En savoir plus