Après avoir découvert le rugby au collège, Grâce Ngono rejoint le Club du Rush rugby de Saint-Herblain et s’y engage sans réserve, en tant que joueuse, éducatrice et arbitre. Dans la vie comme sur le terrain, elle cultive son explosivité, multipliant les activités qui lui sont chères, entre le slam, les activités de création artistique et les ateliers débats.
Nom : NGONO
Prénom : Grâce
Âge : 15 ans
Signe distinctif : Sa professeure principale dit d’elle qu’elle est la future Oprah Winfrey ou la future Michelle Obama, car elle aime s’engager pleinement dans tout ce qu’elle fait. Membre du Conseil de la Vie Collégienne, elle apprécie les débats constructifs qui permettent de trouver des solutions.
Sport pratiqué : Le rugby, en tant que joueuse au poste de pilier droit au Rush Club Rugby de Saint-Herblain, mais également en tant qu’éducatrice pour les moins de 8 ans, et arbitre.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Grâce, j’ai 15 ans et je suis en 3ème. Je vais passer le Brevet. Je suis joueuse, arbitre et éducatrice dans mon club, le Rush de Saint Herblain. Je fais du rugby depuis 2 ans et j’ai fait des compétitions régionales. Avant, j’habitais à Nozay à la campagne. J’avais essayé de faire du handball. Mais les filles avaient peut-être moins d’envie que moi, j’étais plus grande que les autres, j’avais envie de compétition. C’était un peu facile, alors j’ai arrêté. Après, on a déménagé et je me suis mise au rugby. En 5ème, on avait commencé à faire du rugby. Au début, je voulais aller à Rennes parce qu’il y a le Pôle Espoirs mais je n’ai pas été prise parce que j’ai eu un accident en février, un claquage à la cuisse gauche. Ils m’ont dit que ce serait mieux que j’aille dans un lycée sportif, au CREF, et qu’on verrait l’année prochaine, que ça me serait plus favorable parce qu’ils savent déjà ce dont je suis capable. Le CREF c’est du sport renforcé, ce serait au lycée de la Colinière à Nantes. Ce n’est pas une idée fixe mais j’aimerais bien jouer en départemental ou en régional, aller plus loin. Ce n’est pas mon objectif primordial. Mon objectif pour le moment c’est d’avoir mon bac. Mais si je peux aller plus loin, ce serait bien, que ce soit en tant que joueuse ou en tant qu’arbitre.
« J’aimerais peut-être aller à Rennes parce qu’il y a le Pôle Espoir là-bas. Je vais réessayer l’année prochaine mais en attendant, il faut que je travaille mon cardio. »
Quelle est votre pratique sportive ?
Ça ne fait pas longtemps que je suis éducatrice mais j’aime les voir faire du sport, s’amuser, apprendre d’autres choses. On entraîne les moins de 8 ans. C’est bien d’enseigner, de les voir se souvenir de ce que tu dis, de ce que tu fais. Au départ, j’ai fait de l’arbitrage parce que l’année dernière, il y a eu l’Orange Rugby Challenge. On doit tous apprendre des règles, et après il y a un examen sur l’ordinateur. Je l’ai gagné l’année dernière. Il y a une arbitre qui m’a proposée de l’aider à arbitrer le match Bobigny-Rennes en élite et j’y suis allée. Ça me plait de connaître les règles, je les apprends et j’essaie de les appliquer. Etre arbitre, c’est mieux aussi quand tu es joueuse. Je peux me permettre de discuter avec l’arbitre, je suis sûre de ce que je dis, et ça peut éviter de prendre des pénalités pour rien. Il y a le respect aussi. Moi je suis petite mais je peux arbitrer des matchs avec des personnes qui font trois têtes de plus que moi, ce n’est pas pour autant qu’elles ne me respectent pas. Ça c’est cool.
Que représente le sport pour vous ?
J’aime la compétition, le jeu en lui-même. Au début, je voulais faire de la boxe mais mon père a refusé et je me suis rappelée que j’avais fait du rugby à l’école. Je me suis dit pourquoi ne pas essayer vraiment ? Ça m’a plu et je suis restée. Le sport me permet de me défouler. Je suis une personne un peu renfermée et j’ai du mal à exprimer ce que je ressens ou ce que je veux dire. Ici je n’ai pas besoin de garder les choses pour moi, je peux les dire. Par exemple, je peux dire les choses à mon entraineur, à mes coéquipières. Je trouve que c’est bien. Je ne dirais pas qu’on est une famille mais c’est convivial.
À l’avenir, quelles évolutions liées au rugby aimeriez-vous voir se développer ?
Je trouve que le rugby, dans notre banlieue, attire de plus en plus de personnes. Au début, on est fermé, on pense que le rugby est un sport de brutes, qu’on va se faire mal. Et puis quand on essaie, on trouve que c’est bien. C’est pour ça que le club du Rush rugby a organisé des événements pendant trois vendredis, au stade derrière notre collège, et plein d’enfants pouvaient essayer le rugby. Après, ils pouvaient venir au club pour continuer et je trouve que ça attire beaucoup en ce moment. Il y a plein de gens qui sont venus, des filles de mon collège, c’était bien. J’aimerais qu’il y ait encore plus de gens. Le niveau du rugby féminin, il est bon, surtout à l’international. Mais je trouve que le niveau dans les clubs n’est pas ouf. Ce n’est que mon avis mais je trouve que le rugby féminin est un peu bas en termes de niveau. Les joueuses jouent depuis un an, deux ans, alors que les garçons jouent depuis 10 ans, 14 ans. Ils ont plus d’expérience que nous. Nous, on en est encore à se faire des passes, alors que les garçons réfléchissent à des tactiques. C’est dommage.
« J’aimerais dire aux filles que le rugby, ce n’est pas un sport de brutes, c’est un sport qui peut les amener à faire de grandes choses, des choses qu’elles n’ont peut-être pas imaginées. »
On entend aussi des remarques des gens dans la vie de tous les jours : « le rugby c’est un sport d’homme, le rugby c’est trop brutal ». On me l’a dit. Dans le rugby en lui-même, on a déjà eu des remarques sexistes par un entraîneur d’une autre équipe. Ça m’énerve, je préfère ne pas répondre, je me dis que je ne vais pas perdre du temps à répondre à des sottises comme ça. Je sais ce que je fais, c’est moi qui le fais donc je n’ai pas besoin qu’on me dise : « tel sport est pour les filles et tel sport est pour les garçons ». Je n’ai pas à prouver quoi que ce soit, je fais comme je veux et puis voilà. Mais après en termes d’opportunités, c’est mieux pour les filles que pour les garçons parce qu’ils sont plus nombreux donc il y a plus de compétition. Il faudrait attirer les féminines plus jeunes. J’ai envie de leur dire : » Essayez, et vous verrez si c’est bien ou pas, mais c’est sûr que c’est bien. » (rires).
Propos recueillis par Claire Gadebois