Article issu de Cities News Tank
Emploi, santé et mobilité, tels sont les axes de travail de Réso Villes et du programme expérimentant des techniques de data science au service des quartiers prioritaires de la politique de la ville, indique Jacques Priol, chargé du projet et président du cabinet Civiteo, le 18/03/2020 lors d’une conférence en ligne sur le « big data au service des quartiers ».
Lancé en 2019, le programme « Big data et QPV » vise à apporter « des réponses à des problématiques particulières dans les QPV, de tester des outils nouveaux comme la data science et l’intelligence artificielle et de construire une documentation complète pour dupliquer l’expérimentation », selon Jacques Priol.
Le groupe de travail « emploi » « tente d’identifier l’écart entre le type d’emploi recherché par les personnes et leur localisation géographique, la distance domicile-travail est un obstacle, qui peut-être plus important dans les QPV », dit-il.
Le groupe de travail « santé » se concentre sur le non-recours aux dispositifs d’aide aux soins. « Il s’agit de mesurer le taux de non-recours dans et en dehors des quartiers », indique Jacques Priol.
Le groupe « mobilité » débute ses travaux. Le programme est « expérimental », « il est possible que le recueil de données massives n’apporte pas de réponse aux questions qu’on se pose ».
Le projet est « né du constat que de plus en plus d’acteurs publics territoriaux parlent de smart city et big data mais ces projets, qui concernent une quarantaine de territoires, se déroulent dans les métropoles, les villes-centres, voire dans les quartiers centraux des villes-centres, ils concernent peu les quartiers périphériques et les QPV. (…) Si la smart city permet d’améliorer l’intermodalité des transports et d’économiser de l’énergie, ces dispositifs spécifiques pourraient intéresser les QPV », déclare Jacques Priol.
Le programme est piloté par Réso Villes et Civiteo avec plusieurs partenaires dont l’Agence nationale de la cohésion des territoires, Pôle emploi, l’Agence régionale de Santé des Pays de la Loire, des collectivités dont Brest métropole, Nantes métropole, la ville de Saint-Nazaire,
ainsi que des acteurs privés dont Harmonie Mutuelle, KPMG et Randstad (travail temporaire). L’ANCT finance ces études à hauteur 50 000 € par an sur 3 ans et les partenaires privés à hauteur de 10 000 € par an.
« La culture de la donnée est indispensable pour les politiques publiques »
La formation des élus à la donnée est « un enjeu identifié pour les années à venir », indique Jacques Priol. « Que les élus soient informés et s’intéressent à ces questions permet aussi une forme d’acculturation, la culture de la donnée est indispensable pour les politiques publiques ».
Selon lui, « en matière de gestion urbaine les données produites en 2020 seront 4 fois supérieures à celles produites en 2015. Les données bouleversent de nombreux secteurs dont
le secteur public ».
Dans certains secteurs, l’usage des données peut permettre « d’améliorer
les outils à notre disposition pour concevoir des politiques publiques ».
Jacques Priol cite des stratégies locales mises en place par le Parlement d’Écosse, Amsterdam (projet Tada) ou la charte métropolitaine de la donnée de Nantes métropole, qui a inspiré la commune de Rueil-Malmaison (Île-de-France).
Atlas des inégalités à Chicago – © MIT
Le MIT a « identifié les lieux dans lesquels il y a de la mixité sociale » dans des villes comme Boston, News York ou Chicago à partir des données issues de la téléphonique mobile. Ce projet (dont les résultats sont visibles ici) a permis de voir les endroits où se croisent les populations aisées et celles plus modestes.