Fiche expériences. Aménagements de halls en réponse à des occupations, une réponse efficace ? A Nantes et au Mans

A Nantes, l’installation d’intervention rapide et temporaire de pré-hall pour restaurer de bonnes conditions de vie des habitants

Suite à un travail d’identification des halls d’immeubles concernés par des occupations problématiques, Nantes Métropole Habitat a souhaité expérimenter une solution « sur-mesure » d’intervention rapide et temporaire d’installation de sas ou, autrement-dit, de pré-halls pour parer à ces situations difficiles.

L’existence d’un nombre minime mais non négligeables de halls dégradés par des occupations ou des incivilités, puis l’aggravation de ces actes ont conduit le bailleur à s’interroger sur des solutions

Présentation des sas de sécurité dans le journal des locataires de Nantes Métropole Habitat (n°110, 2021)

possibles à mettre en œuvre. Dans cette perspective, Nantes Métropole Habitat (NMH) s’est adjoint les services d’un cabinet d’architecture (Qualia) missionné pour travailler sur les dysfonctionnements observés sur ces halls difficiles afin de proposer des prescriptions techniques.

Cette étude, au-delà de confirmer certaines connaissances du bailleur sur l’incidence du contexte urbain et des flux environnant ces halls dans l’installation de trafics notamment, a permis de proposer un aménagement susceptible d’empêcher ces pratiques et présences.

L’idée était d’expérimenter à la fois un réaménagement du hall et l’ajout d’une structure pré-hall proposée par le cabinet Qualia :

  • Réduction de l’espace des halls avec l’ajout de cloisons métalliques modulables dans l’idée de réduire l’espace disponible à l’occupation le temps que la situation s’améliore
  • Ajout d’un « plug d’urgence ». En structure métallique, ces sas sont implémentés directement sur la façade au niveau de la porte d’entrée pour créer une zone tampon entre le hall et les espaces publics. Ce sas a pour objectif de renforcer la sécurité des halls, en amenant un double accès badge à l’immeuble et en travaillant sur la visibilité. La structure en caillebot permet en effet de préserver une arrivée de lumière mais limite assez fortement les angles de vue vers l’extérieur et empêche de voir de l’extérieur ce qui se déroule à l’intérieur dans l’idée de contraindre les activités de vente illégales qui ont besoin d’être vues. Enfin la structure n’est pas couverte et isolée, elle est donc soumise aux intempéries.

 

L’architecte avait également proposé des solutions, qui n’ont finalement pas été retenues : l’ajout de filets ou peintures anti-ondes pour limiter/empêcher les communications et l’accès à internet ou encore d’un dispositif de vidéosurveillance. A l’époque, ces solutions n’ont pas été retenues par le bailleur (contraintes légales, peu efficace ou trop compliqué/cher à mettre en œuvre).

 

 

Quels résultats pour les deux tests conduits ?

Sur les deux sites d’expérimentations les retours ont été assez différents :

Sur le premier site, l’arrivée de ces aménagements a été bien perçue par les habitants. En effet, elle est intervenue en continuité des interventions police-justice contre ces occupations et cette logique d’action transversale a été jugée et considérée par les habitants comme une prise en considération efficace et efficiente des problématiques qu’ils subissaient.

Le second site a présenté des résultats moins évidents dans un premier temps. Si l’ajout de ces aménagements a dans un premier temps eu un effet assez net en évinçant ces occupations visées, cette conséquence positive n’a pas réussi à se maintenir dans le temps et les occupants se sont vite adaptés à la nouvelle configuration en réoccupant l’espace différemment. Malheureusement, ce retour rapide des occupations problématiques a, paradoxalement, provoqué un effet pervers inattendu : la structure, grillagée et les limitations de points de vue ont rendu l’espace plus anxiogène qu’auparavant. Dans un second temps, ces occupations ont fini par se résorber sans pour autant que le bailleur ne réussisse à juger de l’influence directe du dispositif sur cette évolution positive.

 

 

« Ce que j’en pense ? C’est comme une prison. Ça ressemble au palais de justice. » selon une habitante interrogée par Ouest France (02-02-2021)

Suite et enseignements de l’expérimentation

Toujours dans l’idée de poursuivre l’expérimentation afin d’éprouver différentes solutions à ces problématiques, une deuxième phase de sécurisation a été testée :

  • Installation de deux portes à ouverture automatique, comme un système de sas de banque où les portes s’ouvrent l’une après l’autre pour plus de sécurité
  • L’ajout de la vidéo surveillance pourra être testée

A la suite de cette expérimentation le bailleur nuance les résultats en rappelant qu’il existe toujours un risque important de dégradation rapide sur ces systèmes, un risque de report de ces problématiques d’occupation sur d’autres halls. D’autre part, il témoigne de la difficulté d’évaluation de tels dispositifs étant donné l’influence que joue le contexte urbain et local sur ces phénomènes.

En parallèle du point de vue du bailleur, la perception qu’ont les habitants de ce dispositif est à double tranchant : s’ils voient des effets positifs, le pré-hall est jugé comme une bonne solution et est même réclamé par d’autres habitants. A l’inverse, si l’aménagement n’est pas efficace envers ces occupations, il peut être un élément de rejet voire de stigmatisation.

 

 

 

 

 

Le Mans Métropole Habitat, réduire la surface d’un hall occupé par des aménagements temporaires.

Dans un hall où le bailleur n’arrive pas à limiter ou éviter les occupations abusives et les nuisances qui peuvent être associées, Le Mans Métropole Habitat a choisi de tester une solution d’aménagement temporaire consistant à réduire l’espace du hall au strict minimum garantissant la bonne circulation des locataires.

C’est l’installation de panneaux métalliques sur un des côtés du hall qui permet cette réduction à un couloir d’accès (cf. images). Ces panneaux ont été construits sur mesure et de telle sorte qu’ils soient démontables dès que la situation s’est améliorée et réutilisables dans un autre hall (en profitant de la grande similarité de l’aménagement des halls sur le quartier).

 

Un bilan mitigé

Si réduire la taille des halls peut être une option pour dissuader l’occupation abusive, il convient de rappeler quelques avantages et inconvénients potentiels à prendre en compte :

Avantages :

  • Gêner la station dans les espaces collectifs : cette réduction d’espace a permis de gêner fortement les présences abusives et ainsi les supprimer
  • Une visibilité accrue : Un hall plus petit peut offrir une visibilité améliorée, rendant plus facile la détection d’activités indésirables.
  • Facilité de gestion : Des espaces plus petits peuvent être plus faciles à gérer et à entretenir, ce qui peut être un avantage dans le cas d’occupations répétées généralement génératrices d’incivilités voire de dégradations
  • Réactivité de la réponse du bailleur aux nuisances vécues par les locataires : même si la réduction de la surface des halls peut ne pas être perçue comme une intervention en faveur de la qualité de vie des résidents, si l’aménagement est efficace sur les occupations abusives il est généralement perçu par les résidents comme une solution positive (fin des occupations) et comme le symbole d’une implication du bailleur en faveur de leur besoin.

 

Inconvénients :

  • Information, adaptation et acceptation des résidents : Afin de favoriser l’effet de surprise sur les occupants du hall, le bailleur à fait le choix de ne pas communiquer en amont, s’exposant à des plaintes des locataires en raison de l’impact sur les éléments suivants
  • Le confort des résidents : Un hall plus petit peut réduire l’espace disponible pour les résidents, impactant potentiellement leur confort et leur utilisation des parties communes.
  • Potentiel de congestion : Une réduction de la taille peut entraîner une congestion accrue, en particulier lors d’événements ou de périodes de forte affluence.
  • Impact sur l’esthétique : La réduction de la taille peut affecter l’esthétique de l’immeuble et plus largement les dispositifs sécuritaires peuvent influencer négativement la perception générale de l’environnement par les résidents.
  • Adaptation nécessaire des habitants : Les résidents devant s’adapter à des espaces réduits, il semble donc important qu’il y ait un travail de dialogue mis en œuvre (en amont et/ou en aval de sa mise en place).

Sans pour autant généraliser ce type d’intervention en raison des inconvénients, le bailleur souhaite s’appuyer sur la facilité et l’efficacité de ce type de déploiement pour des solutions de court terme.

 

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