Fiche expérience. La création d’espaces communs au cœur de la réhabilitation des tours Guérande et Groix par Archipel Habitat à Rennes

Crédits photos : Archipel Habitat

Contexte du projet : une rénovation ambitieuse

Le quartier de Maurepas est intégré au Nouveau Programme de Renouvellement Urbain (NPNRU) au sein duquel les acteurs rennais ont affirmé une volonté de réhabilitation ambitieuse du patrimoine existant plutôt que de démolitions/constructions neuves. C’est dans ce contexte qu’Archipel Habitat réhabilite ces deux premières tours en laissant place à l’expérimentation, en cédant une partie des logements de la Tour Guérande en accession à la propriété ou en imaginant des espaces collectifs généreux et de qualité au bénéfice des habitants.

Pour accompagner ces évolutions, un travail avec les locataires tout au long de la décision du programme de réhabilitation a été mis en place. Cette association au projet de réhabilitation avait pour objectif de favoriser l’appropriation et donc le maintien en bon état de la tour :

Exemple de restitution de l’un des ateliers
  • Par la co-conception des espaces communs de la tour. Favorise une forte appropriation (« c’est ma tour ») : le bailleur impulse et lance la dynamique pour in fine les rendre acteurs
  • Huit ateliers avec les habitants pour réfléchir aux différents aspects de la rénovation de la tour (les parties communes, l’intérieur des logements, les façades, les abords et la proposition de création de nouveaux espaces communs)

 

 

 

 

Des espaces partagés de qualité pour les habitants : favoriser le lien et l’appropriation résidentielle

Sur chacune des tours, trois espaces collectifs ont été créés :

  • Une buanderie conviviale et collective au rez-de-chaussée (env. 30m²)

En rez-de-chaussée, se trouve une buanderie collective qui a été imaginée pour maintenir un service collectif qui préexistait à la rénovation de la tour avec la présence dans les étages de séchoirs collectifs. Cette buanderie n’a pas vocation à remplacer les équipements individuels mais d’être complémentaire (plus gros volumes, sèche-linge). En parallèle, cette pièce a été pensée pour favoriser la convivialité (tables chaises) et s’est enrichie d’une armoire à don où les habitants s’échangent des objets dont ils n’ont plus l’usage.

 

  • Une salle collective dans un des étages (22m²)

Cette salle, de plus petite capacité permet d’accueillir des petites activités calmes ou des temps de rencontre organisés.

 

 

  • Une maison des habitants sur le toit (50m²) de chacune des tours avec une terrasse (138m²)

Cet espace, particulièrement qualitatif par la surface, la qualité paysagère offerte par les vues à 180° au 16e étage, par les équipements (petite cuisine, tables, chaises, jardinières, un piano). Cet espace est prévu pour des temps conviviaux, des animations (atelier de jardinage, expo, activités sportives…)

 

 

 

Premiers retours d’expérience

Quelle gestion de ces espaces. Conscient du risque de détournement d’usage dont peuvent être la cible ces espaces partagés mais gardant l’ambition de rendre ces espaces faciles d’accès pour les résidant afin d’en favoriser l’appropriation, ces espaces sont accessibles par badge aux habitants qui en font la demande. Grace à ces badges, les résidents peuvent accéder à ces espaces librement la journée jusque 21h et sur réservation auprès du gestionnaire de site le week-end.

Cette souplesse et la gestion réactive à d’éventuels troubles sont permis par la présence d’un gestionnaire de site résidant dans l’une des deux tours.

 

Animation de ces espaces. En s’appuyant sur les envies exprimées par les habitants lors des ateliers liés à la réhabilitation de la tour mais aussi en les recueillant au gré des échanges entre gestionnaire et voisins, le bailleur impulse et soutient les envies et initiatives qui émergent afin de favoriser l’utilisation et l’appropriation de ces espaces. D’abord très présent pour accompagner ces envies, le bailleur essaie progressivement de laisser la main aux habitants tout en maintenant une proposition d’aide (communication, petits budgets, etc.). Quelques exemples d’utilisation de ces espaces :

  • Temps de rencontre et de convivialité entre voisins (galette, mardi gras, etc.)
  • Cours de soutien scolaire proposé par une habitante
  • Cours de piano bénévoles proposés par des étudiants
  • Concerts par des musiciens du quartier
  • Réservation pour des événements privés des habitants le week-end

Le gestionnaire de site (gardien) est en appui pour gérer les espaces collectifs : coordination du bien vivre ensemble (poste de coordination de l’animation sociale des résidences)

 

Points de vigilance et limites. La création de ces espaces nécessite d’avoir une présence forte du bailleur pour gérer ces espaces et maintenir une vigilance mais aussi pour inciter, initier de nouveaux usages par les habitants dans ces nouveaux espaces. Les complexités que peuvent induire ces espaces collectifs dans les missions des agents du bailleur exposent à un risque de lassitude et rappellent la nécessité de créer du sens derrière cette mise en œuvre.

Des épisodes de montées de tensions sur le quartier et dans les espaces résidentiels collectifs peuvent contraindre le bailleur à limiter/contraindre les accès à ces espaces pour éviter de se retrouver débordé par des occupations abusives de publics extérieurs. Il est ainsi, difficile de trouver un juste milieu entre une ouverture gage d’une accessibilité facile pouvant permettre des appropriations habitantes et la nécessité de renforcer la sécurisation de ces espaces durant des épisodes difficiles. Lors d’épisodes plus difficiles, la présence et l’implication du gestionnaire de site se sont révélées significative.

Ces espaces, peu usuels dans les résidences collectives, mettent du temps avant de susciter des envies, des usages puis des habitudes de la part des résidents. Le bailleur souligne avoir réussi à mobiliser des « noyaux durs » d’habitants motivés, intéressés pour faire vivre et utiliser ces espaces cependant l’ouverture aux autres locataires reste un enjeu fort qui nécessite du temps et un investissement humain (animation et gestion) important.

 

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