Portraits de jeunes. Nathan DONIAS, 16 ans et déjà un pilier du quartier à Auray !

L’œil franc, la voix sûre, Nathan connaît les quartiers prioritaires d’Auray comme sa poche. C’est ici que le jeune homme de 16 ans a grandi. Et quand on lui parle de s’engager pour les autres, pour la vie du quartier, Nathan hausse les épaules et sourit. Ça coule de source ! Dès l’âge de 13 ans, il s’implique dans le Conseil citoyen. Les quartiers du Gumenen et du Parco résonnent en lui comme un immense terrain de jeux, une grande famille qui lui a transmis le goût de l’animation et de lentraide.

Nom : DONIAS

Prénom : Nathan

Âge : 16 ans.

Signes distinctifs : Ambidextre, Nathan sait écrire des deux mains. Droitier au départ, mais suite à deux fractures du bras droit, et une professeur de CP implacable, il fut contraint d’apprendre à écrire de la main gauche…

Engagements : Dans le Conseil citoyen du quartier depuis l’âge de 13 ans. Nathan aime aussi donner des coups de pouce au Lieu-dit, une association d’entraide sociale du quartier.

« Avec le BTS que je souhaite réaliser en économie sociale et familiale, j’aimerais accompagner des familles, améliorer leur vie au maximum de ce que je peux. »

Présentation : Peux-tu nous raconter ton histoire, l’endroit où tu as grandi, où tu habites ?

J’ai toujours vécu à Auray, dans les quartiers prioritaires. Avant j’habitais au Gumenen, dans les bâtiments qui ont été détruits. Maintenant, je suis au Parco depuis 9 ans. J’aime bien mon quartier, tout le monde connaît tout le monde, c’est sympa. Je suis fils unique, mais ma tante a six enfants donc je viens d’une assez grande famille. Ils habitent juste en bas. Je passe le plus clair de mon temps chez eux. Un endroit important pour moi, c’est le centre Arlequin : le centre d’animation où j’allais quand j’étais petit. Je vais faire un stage là-bas au mois de juin. J’y ai passé beaucoup de temps. Les minis-camps, ça a été les plus grosses barres de rire de ma vie ! C’est là que j’ai rencontré des gens, comme Marie-Laure, animatrice. C’est elle, d’ailleurs, pendant mon stage en 4e, qui m’a envoyé vers le Conseil Citoyen. Cela m’a aidé sur pas mal de choses. Je comprends mieux le pourquoi du comment et les délais que prennent les choses, parfois. Ça me plaît de connaître les points de vue des uns et des autres.

« Le Conseil Citoyen m’a aidé sur pas mal de choses.  Ça me plaît de connaître les points de vue des uns et des autres. »

Projets et engagements : Quels sont tes projets personnels et professionnels ? Es-tu impliqué/engagée dans ton quartier ou ailleurs ?

Déjà, j’aimerais finir mon bac. J’ai changé d’option cette année. J’étais en seconde générale l’année dernière, mais je suis passé en seconde professionnelle « Service à la personne et au territoire ». Après ma seconde, je ne souhaite pas travailler en Ehpad. J’ai fait un stage dans une unité partagée pour les malades d’Alzheimer, j’ai trouvé cela difficile à gérer, la relation aux patients. Donc, je partirai en BTS au Lycée de Ménimur, à Vannes, en économie sociale et familiale. Trouver un travail aussi pour cet été, parce que je n’ai plus de téléphone… En général, dans mes projets, je n’ai pas trop de problèmes de stress. J’y vais et je vois après. De toute façon, tu n’as pas le choix ! Dans mon quartier, je suis engagé dans le Conseil citoyen, un collectif d’habitant·e·s des quatre quartiers prioritaires de la Ville d’Auray : Gumenen, Goaner, Parco et Bel Air. On agit pour la vie du quartier. On propose des activités, des rencontres avec les citoyen·ne·s du quartier, et de la mixité avec des gens qui habitent hors du quartier, notamment avec les vide-greniers qu’on organise tous les ans. Ça change l’image des quartiers qui n’est pas très valorisée. Elle est stéréotypée : drogue, violence. J’habite à Auray depuis 16 ans, il n’y a pas que dans les quartiers qu’il y a du trafic. C’est plus facile de stigmatiser des gens qui ont un revenu moyen sur le trafic de drogue que des gens qui vivent très bien, qui ont des appartements en ville et qui le font aussi. J’aimerais que les journaux ne parlent pas de ces évènements éphémères, des choses qui dépassent dans les quartiers. Qu’ils communiquent plutôt sur les actions qui sont faites sur le long terme pour les habitant·e·s…

« C’est plus facile de stigmatiser des gens qui ont un revenu moyen sur le trafic de drogue que des gens qui vivent très bien, qui ont des appartements en centre-ville et qui le font aussi. »

 

Être jeune en 2021 : comment te sens-tu, comment vis-tu la crise sanitaire ?

Plutôt bien, ça va. Je fais ma vie quand même. J’ai restreint les gens auxquels je rends visite : ma tante et mon meilleur ami. D’ailleurs, le deuxième confinement, je l’ai vécu à moitié là-bas, c’était sympa. Ça détend parce que c’est long quand même, d’être enfermé à la maison. Mais je le vis assez bien. Je vais au Lycée, je vois mes copains, normal. Le premier confinement, je n’ai rien fait, j’étais en vacances total ! Pour une bonne raison, je n’aimais pas ma formation. Je devais partir en apprentissage en boulangerie, le patron a craqué. Il est parti en hôpital psychiatrique. Je me suis retrouvé sans apprentissage… donc je suis parti en seconde générale. J’hésitais toujours entre la pâtisserie et travailler avec les gens. Maintenant que j’ai choisi l’aide à la personne, j’aime bien ma formation, donc je suis toutes les visioconférences. L’an dernier, je n’avais pas d’ordinateur, le lycée m’en a prêté un. Cette année on était prêts, on a acheté une imprimante, un ordinateur.

As-tu un rêve, une raison d’espérer pour toi/pour ton quartier et ses habitant·e·s ?

Avec le BTS que je voudrais faire en économie sociale et familiale, j’aimerais accompagner des familles, améliorer leur vie au maximum de ce que je peux. Ce côté-là me vient de ma mère. Elle aide beaucoup les gens. Pour le quartier, j’aimerais qu’ils développent et reconstruisent des choses sur ce parking que je trouve moche. Et changer un peu l’image… Que ça ne soit pas que des images qu’on a vu pendant le confinement dans la presse : le quartier où il y a de la drogue et de la violence… Je vis dans ce quartier-là depuis 10 ans, il ne faut pas faire une globalité de ce qui s’est passé juste une fois.

Propos recueillis par Marie Fidel

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