Née en mars 2015, l’association Pôle In 49 est implantée au sein du quartier de La Roseraie, à Angers. Son action s’effectue en lien étroit avec la population, qu’elle consulte régulièrement afin de cerner ses besoins. Après la création d’un marché bio fin 2016, Pôle In 49 poursuit sa mise en place d’un réseau citoyen, en initiant une deuxième consultation des habitants, et ambitionne de générer de l’emploi.
S’inscrivant dans le mouvement citoyen national Bleu Blanc Zèbre, l’association Pôle In 49 est née d’un constat, partagé par trois habitants de La Roseraie (quartier sud d’Angers) : « Pourquoi ne pas faire une consultation en porte-à-porte afin de connaître les besoins de la population ? » retrace l’un d’eux, Gilles Buron. Président de la structure, ce dernier poursuit : « Notre dynamique est d’aller vers les habitants et concevoir de l’action, avec eux ou pas. »
Lancée en mars 2015, la jeune association débute, la même année, une première consultation, en novembre, auprès des habitants des 700 logements du quartier prioritaire Morellerie, et, en quelques mois, glane des avis, des idées et des données.
« Rédigé avec l’aide d’un sociologue nantais, notre formulaire comporte une trentaine de questions, portant sur quatre thématiques : le pouvoir d’achat, l’emploi, la fracture numérique, 10 % de la population du quartier n’étant pas équipée en internet, et le rôle de l’individu sur un quartier. Cette consultation a mis au jour des attentes des habitants, notamment par rapport à la création d’entreprises, ainsi que des demandes précises, comme le besoin alimentaire de poissons d’eau douce des populations originaires d’Afrique et d’Asie. »
À l’issue de cette première consultation, deux projets sont mis en œuvre en octobre 2016 : une plate-forme de stages pour les élèves en 4e et 3e du collège Jean-Vilar, dont une nouvelle version devrait être bientôt opérationnelle, ainsi que la création d’un marché alimentaire bio.
Un marché interculturel bio
Dans un premier temps bimensuel, et, depuis septembre 2017, hebdomadaire, le marché bio accueille, chaque samedi matin, dans le hall d’accueil du centre Jean-Vilar, en moyenne une quarantaine d’habitants, venus s’approvisionner en fruits, légumes, œufs et miels proposés par huit producteurs de la région angevine.
Salariée de l’association depuis novembre 2017 (Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi de 9 mois et 20 heures/hebdomadaire), Fatima Bencheikh, habitante de La Roseraie, est chargée, entre autre, du bon déroulement du marché, entre envoi des bons de commande aux 120 adhérents actifs et relation avec les producteurs bio, lesquels fixent librement leurs prix et proposent, en outre, des repas dans leurs exploitations. « Les clients règlent leur commande le samedi matin. Ils choisissent leurs produits, qu’ils pèsent eux-mêmes. Le marché se déroule dans la convivialité. » décrit-elle.
« Grâce à ce marché interculturel, nous avons réussi à établir une confiance et créer un rendez-vous des habitants. » renchérit Gilles Buron, tout en insistant sur les enjeux citoyens d’un tel projet :
« Il ne s’agit pas seulement de consommation, mais aussi de prise de conscience et de pédagogie. Notre souhait est que les habitants se posent certaines questions : comment construire un réseau court de consommation, comment participer à la création d’un emploi. »
En additionnant les commissions (1 euro pour moins de 10 euros d’achat, 2,5 euros à partir de 10 euros) et les adhésions au marché bio, l’association collecte entre 600 à 700 euro chaque mois, une somme encore insuffisante pour financer un emploi. « Notre objectif est de pouvoir nous tourner vers un porteur de projets pour répondre aux besoins des habitants et de faire émerger des emplois de nos besoins quotidiens. »
Afin de mieux cerner les attentes des habitants et encore mieux connaître leur profil socio-professionnel, une deuxième consultation vient d’ailleurs de débuter.
Une deuxième consultation des habitants
Durant 2018, une grosse partie des habitants des 1500 logements de Jean-Vilar vont accueillir chez eux des membres de l’association : dans ce quartier prioritaire, le taux de chômage atteint 40% et la population est vieillissante. « 50% des logements sociaux dépendent de bailleurs publics et la moitié des logements est occupée par une personne seule. » précise Gilles Buron.
En service civique au sein de Pôle In 49 durant toute l’année, Chedeï Anar Brahim, 20 ans, habitante de La Roseraie, et Maëlle Bergerioux, 19 ans, résidante du quartier angevin Belle-Beille, sont, notamment, appelées à visiter et questionner les habitants, et développer, chacune, un projet en lien avec le quartier. « L’idée que je développe au sein de l’association tourne autour de la mode. Ce service civique va me permettre d’améliorer ma capacité à aller vers les autres grâce aux contacts que je noue lors du marché bio et des consultations. » témoigne Chedeï.
De son côté, Maëlle mûrit un projet relatif à sa passion : l’équitation. « Ce contrat en service civique nous offre l’occasion de découvrir des gens touchants, avec des histoires différentes. » observe-t-elle.
Début février, elles se sont rendues chez Christiane Herry, laquelle a accepté de répondre aux questions du formulaire de la consultation.
« Rendre la citoyenneté active »
Âgée de 50 ans, cette Angevine de naissance, actuellement en recherche d’emploi, habite à La Roseraie depuis 7 ans, et est une adhérente récente du marché bio. Au gré des questions posées, elle évoque ses expériences professionnelles dans les secteurs de la santé et du commerce, sa connaissance de l’auto-entreprenariat, ainsi que ses difficultés pour financer une formation. « Je projetais de devenir masseuse bien-être, puis comportementaliste pour animaux. »
Mère d’une fille scolarisé en quatrième, elle se déclare disposée à effectuer une activité de bénévolat dans le quartier, et intéressée pour participer à un groupement d’achat des habitants, « pourquoi pas dans l’alimentaire, voire les loisirs ? »
Les informations fournies par Christiane Herry vont enrichir une base de données, destinée, notamment, au développement d’un projet de longue haleine : « Mettre en relation les entreprises en tension et les habitants des quartiers que Pôle Emploi ne touche plus. » explique Gille Buron.
Pour ce faire, Pôle In 49 bénéficie du soutien du réseau Entreprendre Maine-et-Loire et d’autres partenaires : Podeliha (bailleur privé à vocation sociale), la MCTE (Maison de la Création et de la Transmission d’Entreprises), une douzaine d’entreprises privées et l’association Bleu Blanc Zèbre National.
« Nous labourons un territoire en nous demandant : qu’est-ce qu’il est possible de faire entre nous ? Nous travaillons à la création d’un réseau-village, puis faisons en sorte que les habitants s’approprient ce réseau, en générant de la création d’emploi ou du retour à l’emploi. Nous voulons rendre la citoyenneté active. »
Le quartier La Roseraie en chiffres
22 000 habitants recensés
10 500 d’entre eux vivent en QPV (Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville)
20 % : taux de chômage (le double par rapport au taux moyen à Angers)
480 immeubles
6500 logements
36 nationalités
60 langues parlées (dont l’anglais, le russe, le roumain, l’arabe, le turc).
12 entités principales ou IRIS (îlots regroupés pour l’information statistique)
2 IRIS classés prioritaires : Jean Vilar et Morellerie
96 immeubles et 1500 logements dans l’IRIS Jean Vilar
Rédaction : Isabelle CORBÉ