Rappeur, compositeur et interprète. Habitant du Quartier Jean Monnet.
Passionné de musique, Kamango a suivi des cours au Conservatoire de Cholet, puis un cursus CHAM (Classe à Horaires Aménagés Musique) au collège durant 3 ans. Repéré à 11 ans lors d’une résidence artistique musicale, le Listen To This, organisée en lien avec le Centre Social du Planty, il développe depuis ses projets avec succès, et reste impliqué au sein de l’association 1.COM1 qui promeut la culture cinématographique.
Nom : GOMES
Prénom : Edson
Age : 18 ans
Signes distinctifs : Très inspiré par des rappeurs américains tels que Playboi Carti, il aimerait à l’avenir développer en France cette vibe bien particulière.
Projets : Après un 1er EP de 6 titres créé en mars 2020, intitulé Sans Avenir, il s’apprête à sortir un nouveau clip, extrait de la 2ème partie de son projet qui sera accessible en intégralité sur les plateformes d’écoute avant l’été 2021.
Pouvez-vous vous présenter et ainsi que le quartier où vous vivez ? Quel a été votre parcours et quels sont vos projets ?
Je suis Kamango, un jeune artiste de 18 ans. Je suis né à Angers à la Roseraie. Je suis arrivé à Cholet dans le quartier de Favreau et ça fait douze ans que j’habite ici, à Bonnevay, qu’on appelle maintenant Jean Monnet. Les 1ères années, c’était compliqué, j’ai dû me battre pour pouvoir me faire des copains. Au final, ça s’est très bien passé, maintenant je vois les gens du quartier, on se dit bonjour, on peut parler tranquillement, mais au début ce n’était pas la même ambiance. Maintenant c’est beaucoup plus cool. C’est un quartier que j’adore, je suis content d’être ici. Ce que j’aime le plus dans mon quartier, c’est sa diversité hyper forte. À Favreau, il y a beaucoup de personnes noires, et ici il y a plus des personnes arabes, turques, asiatiques et en fait ça change complètement. À Favreau on se sentait bien parce qu’il y avait cette idée de partage, alors qu’ici c’est un peu plus froid mais en fait ce n’est qu’une apparence, parce que dès qu’on parle à quelqu’un, tout le monde est sympa. Je fais de la musique de manière sérieuse depuis déjà 2-3 ans. À la base je n’écoutais pas de rap. Quand j’étais petit, ma mère écoutait beaucoup de soul, de pop, beaucoup Michael Jackson. C’est mon grand frère qui écoutait du rap donc à l’époque c’était beaucoup Sexion d’Assaut. J’étais un grand fan de Maître Gims, et je chantais tout le temps. Marlène, qui s’occupe de l’association 1.COM1, a une fille et c’est elle qui m’a découvert en écoutant un morceau qui s’appelait Pas pareil. Marlène a eu un coup de cœur et elle m’a proposé de refaire le morceau, on a retravaillé la production en gardant les paroles et on en fait un clip. On est parti sur ce 1er projet, et puis ensuite, j’ai fait la bande originale d’un documentaire qu’elle a réalisé. Ils ont fait le clip de Chimiste qui est sur ma chaîne YouTube. Marlène m’a beaucoup aidé, je pense que je lui dois beaucoup, parce qu’elle a mis ma musique en lumière, et je ne peux que la remercier.
« Dans mes morceaux, je parle beaucoup d’amour, de questionnements sur la vie d’ado. On découvre de nouvelles choses, on vit d’amours qui se terminent et recommencent. Je n’aime pas trop parler de ma famille, ou de la société, ce n’est pas là où ma plume est la plus affutée. C’est quelque chose qui viendra plus tard, je pense que je n’ai pas encore vécu assez de choses. »
Vous faites partie d’une génération traversée par des mouvements sociaux très forts, Black Lives Matter, les Marches pour le climat, #MeToo, etc., qu’est-ce que ça vous inspire ?
On n’a pas vraiment vécu le mouvement Black Lives Matter ici, c’est plutôt aux USA. Personnellement, je n’ai pas trop vécu de racisme mais je sais que ma mère et mon frère l’ont énormément vécu. En France, il y a du racisme aussi mais je pense qu’il est moins fort qu’en Amérique. Les gens deviennent de plus en plus tolérants. Je trouve qu’on est des jeunes très réfléchis, qu’on est vieux à l’intérieur. On a une mentalité qui fait que l’on va penser argent, travail mais aussi à tout ce qui nous entoure. Quand je pense au mouvement Youth for Climate, on était hyper engagés. En 2nde, on avait fait une énorme grève, et il n’y avait que des jeunes. On avait fait la grève et j’avais fait un concert. C’est comme ça que je m’étais fait connaître dans la ville. On avait fait toute une journée avec du ramassage de déchets, puis une marche pour le climat dans le centre-ville, on était plus de 500 jeunes, tous les lycées de Cholet. Après, il y aussi eu les réformes scolaires. J’ai l’impression qu’on ne veut pas qu’il y ait de changements dans le climat parce qu’on sait que ça peut nous nuire. Les réformes, c’est pareil, on aurait préféré avoir un bac normal. On réfléchit comme les adultes, on prend exemple sur eux.
« Nos ancêtres n’ont pas pensé au futur, nous on y pense, on n’a pas envie de se dire que nos enfants vont vivre dans un monde pire que le nôtre. »
Est-ce qu’il y a des choses qui devraient changer dans le quartier ?
Ce qui pourrait être amélioré c’est la vision que les gens en ont. On arrive dans le quartier, on a le grand magasin fermé. Et tous les ados sont là où il y a le parking, qu’on appelle le carré, devant le magasin fermé. Il y a des copains qui viennent du centre-ville qui disent qu’ici les gens les regardent avec le regard noir. Il faut que les gens changent de vision et que le quartier soit aussi plus ouvert. On est peut-être trop renfermés sur nous-même.
« Ma mère redoutait que je sorte dans le quartier mais en fait, à chaque fois qu’elle parlait à quelqu’un, elle le trouvait gentil. Ici, une fois que les gens te connaissent, tu es hyper bien. »
Comment avez-vous vécu le confinement et les restrictions actuelles liées à la situation sanitaire ?
J’ai super mal vécu le 1er confinement parce que la semaine même où on a appris qu’il y avait le confinement, on a appris aussi le décès d’une personne dans ma classe. Ça m’a mis un coup, j’étais dans un mood spécial, je me remettais assez en question. Les autres confinements, c’est allé mieux. Là, je trouve que ce ne sont pas trop des confinements. Il y a des choses qui, je trouve, sont mal gérées. Par exemple, les écoles dans d’autres pays étaient fermées et chez nous étaient ouvertes, mais je ne m’y connais pas assez en politique pour donner mon avis.
Quel serait votre rêve ?
C’est un peu cliché de dire ça mais ce serait de faire sortir ma mère d’ici. Parce que ma mère est malade, elle vit ici dans le quartier Bonnevay mais elle ne l’a jamais aimé. Elle aimerait bien partir mais elle ne peut pas s’en donner les moyens parce qu’elle est malade. Si je réussis dans la musique un jour, je voudrais la sortir d’ici.
Propos recueillis par Claire Gadebois