De la GUP (gestion urbaine de proximité) à la GEP (Gouvernance espace public)
Liens réciproques entre droit commun et politique de la ville
Contexte
En 2001, la ville de Brest a initié une démarche de GUP dans trois quartiers prioritaires de la politique de la ville situés en ZUS. En 2009, suite à une évaluation de cette démarche, il a été décidé d’élargir ces méthodes transversales de travail sur l’ensemble de la ville (son nom : GEP : Gouvernance de l’Espace Public). Parallèlement, des secteurs présentant des déficits de gestion ou d’usage ont été identifiés à partir de grilles d’analyse dans chacun des 7 quartiers brestois, et des démarches GUP ont été engagées (diagnostic en marchant, projet de sites). Les crédits d’investissements de droit commun du pôle espace public sont examinés dans le cadre des GEP et un fléchage privilégié est orienté vers les secteurs en GUP (quartiers prioritaires ou pas). Née d’une démarche GUP initiée par la politique de la ville, la prochaine étape pourrait être son élargissement au territoire de Brest Métropole Océane, selon la demande des communes concernées.
Brest Métropole : quelques chiffres, une organisation
8 communes réparties sur un territoire de 220 km², soit 213 221 habitants
Brest : 144 868 habitants, 49,5 km² – 7 quartiers d’environ 20 000 habitants chacun
Guipavas : 13 909 habitants
Plougastel-Daoulas : 13 708 habitants
Plouzané : 12 186 habitants
Le Relecq-Kerhuon : 11 121 habitants
Guilers : 7 613 habitants
Gouesnou : 6 262 habitants²
Bohars : 3 554 habitants
1 Pôle solidarités citoyenneté, proximité qui comprend :
1 Service commun agglomération/ville : DPRTU (Direction Prévention des Risques et Tranquillité Urbaine)
1 service communautaire : mission Développement social Urbain
Et des services ville dont la direction de la proximité (1 service d’accueil à l’hôtel de ville, 7 mairies de quartier)
Période 2001 – 2010 // La déclinaison brestoise des démarches GUP dans 3 quartiers brestois en ZUS
En 2001, des démarches de GUP sont mises en place dans trois quartiers brestois situés en Zone Urbaine Sensible (ZUS) et ciblaient des thématiques de gestion de l’habitat et du cadre de vie :
– Espaces communs (parties communes, espaces extérieurs, mobilier urbain) : propreté, entretien, maintenance et adaptation
– Gestion des ordures ménagères
– Relations de proximité aux habitants (information, accueil, médiation)
De nouveaux outils ont été mis en place via les diagnostics en marchant et la poursuite des commissions cadre de vie déjà en place antérieurement sur certains sites.
Les moyens mobilisés relèvent de la politique de la ville et du droit commun.
Moyens politique de la ville
– une enveloppe (sur fonds Brest Métropole) dédiée de moins de 50 000 euros pour avoir une certaine réactivité face aux demandes de petits travaux ou en complément de travaux plus lourds financés sur des crédits ordinaires.
– quelques études financées par la politique de la ville : accompagnement des diagnostics en marchant, évaluation des chartes GUP en 2009.
– chargés de mission du service développement social urbain (sur fonds Brest Métropole)
Des moyens de droit commun étaient déjà largement mobilisés parmi lesquels on peut citer :
– l’animation de la démarche par le personnel de la direction de la proximité, et notamment les mairies de quartier
– la mobilisation des services et des crédits de droit commun du pôle espace public via
o La participation des services aux comités techniques.
o Les crédits d’investissement de droit commun, abondés éventuellement par l’enveloppe GUP.
o Le bailleur participait également aux comités techniques et disposait de ses propres fonds.
A partir de 2009 // Création d’un dispositif de droit commun : la gouvernance de l’espace public (GEP) inspiré des bonnes pratiques de la GUP
En 2009, l’évaluation des chartes GUP a permis de mesurer tout l’intérêt d’une complémentarité renforcée des services et des mairies de quartier, de la participation des habitants (dont les CCQ), et de partenaires tels les bailleurs sociaux sur ces trois territoires. Le comité de pilotage GUP a donc décidé de créer au sein de chaque quartier brestois un dispositif de droit commun animé par la direction de la proximité, dénommé gouvernance de l’espace public (GEP) et de transposer la démarche GUP à d’autres quartiers brestois hors périmètre de la politique de la ville.
La GEP est un dispositif de droit commun animé dans chaque quartier brestois par la Direction de la proximité. Elle vise à susciter un engagement collectif à partir de la mobilisation des organisations, des encadrants et des équipes de terrain, en y associant les habitants via des diagnostics en marchant et des « projets de site ». Les mairies de quartier, qui pilotent le dispositif, disposent de moyens humains (agents des services du Pôle espace public, de la Direction de la proximité et de suivi, chargés de mission DSU) et d’outils de pilotage (notamment un outil informatique d’identification des problèmes organisant une liaison entre les administrés et les services du Pôle espace public).
Organisation
Une fois par trimestre, des réunions techniques de coordination entre différents services du Pôle espace public leur permettent d’échanger sur l’actualité du quartier, de résoudre des problèmes persistants et d’échanger (une fois par an) en présence de membres du Conseil consultatif de quartier, sur les priorisations en matière de programmation de travaux.
Une fois par an, des réunions de programmation sont organisées avec les directions thématiques pour croiser la priorisation des directions avec celles des quartiers et aboutir à des compromis ; une synthèse est alors présentée aux instances décisionnaires.
Leviers et freins
Ce dispositif permet une meilleure coordination des différents acteurs sur l’espace public ; le partage entre services des différents projets du quartier ; une information et/ou concertation avec les habitants ; la résolution des problèmes persistants. Ses atouts reposent notamment sur une gouvernance politique impliquant les élus. Les principaux freins concernent le cloisonnement des services et le manque de lien entre aspects techniques et sociaux.
Les secteurs GUP sont sélectionnés, à partir d’une grille d’analyse commune aux 7 quartiers, par différents outils (diagnostics en marchant, tableau de bord du CLS, plaintes et pétitions, cartographies diverses, recueil de parole des agents de la collectivité…) permettant d’établir des constats de déficit de gestion ou d’usage inapproprié de l’espace public et suscitent alors un engagement collectif (mobilisation des organisations, des encadrants, des équipes de terrain à suivre ces sites de manière privilégiée, en associant les habitants).
Moyens mobilisés
Les moyens mobilisés relèvent de la politique de la ville et droit commun.
Les moyens de la politique de la ville interviennent en complément des moyens de droit commun sur les quartiers prioritaires. Un fléchage des crédits du Pôle espace public (services des espaces verts, de la voirie, de la propreté…) est organisé en direction de secteurs en GUP (quartiers prioritaires ou pas) identifiés dans chacun des sept quartiers brestois.
Moyens de la politique de la ville uniquement sur les quartiers prioritaires :
• Chargés de mission DSU sur le suivi des GUP (sur fonds Brest Métropole) car la GUP fait partie des démarches de développement social des quartiers.
• Enveloppe GUP (sur fonds Brest Métropole) pour accompagner des investissements plus lourds ou réaliser de petits aménagements avec réactivité
• Chargé d’études DSU financé par la politique de la ville
• Financements ANRU sur les quartiers en ORU
Moyens de droit commun :
• Personnel de la direction de la proximité (*) et plus particulièrement des mairies de quartier pour l’animation du dispositif GEP (Ville de Brest)
(*) Echelon qui a été naturellement retenu car les Maisons de Quartier sont en situation de pivot sur les démarches déclinées sur les quartiers : animation de la GEP, animation des démarches participatives, mise en lien des acteurs, développement d’actions transversales innovantes, animation territoriale du contrat local de sécurité…
• Personnel des services du pôle EPE – Espace Public et Environnement : cadres et cadres intermédiaires (sur fonds Brest Métropole)
• Crédits d’investissement fléchés de manière prioritaire par le pôle EPE sur les secteurs en GUP qu’ils soient dans les quartiers prioritaires ou pas (sur fonds Brest Métropole), mais cependant de manière limitée compte tenu du contexte de plus en plus contraint des moyens financiers.
Lien entre la GUP et les projets de territoire de cohésion sociale
Pour chaque quartier de la politique de la ville, un projet de territoire de cohésion sociale, animé par les chargés de mission du développement social urbain, a été élaboré tout d’abord en équipe quartier, puis partagé avec les acteurs du territoire. Le but recherché étant de partager à l’échelle du quartier des enjeux et des objectifs communs. La GUP est intégrée dans les projets de quartier de cohésion sociale.
Par exemple sur le quartier de Brest Bellevue, l’un des 7 enjeux du projet de territoire de cohésion sociale s’intitule « l’image du quartier et l’amélioration de son offre de service ». Dans l’objectif « redynamiser le centre commercial du Bergot et apaiser les situations de tensions » l’une des actions est « Mettre en place une gestion urbaine de proximité sur le centre commercial du Bergot et son environnement proche (rues de Vannes et de Saint-Brieuc).
C’est dans cette instance de quartier que l’on retrouve la coordination des interventions des professionnels du territoire (réussite éducative, coordination jeunesse,…).
Le projet de territoire du quartier Bellevue
2014 // Les perspectives
La démarche de droit commun « gouvernance de l’espace public » étant désormais consolidée à Brest, pourrait à l’avenir, à leur demande, être progressivement mise en œuvre dans les autres communes de Brest Métropole Océane (on y voit la possibilité d’harmonisation des pratiques au sein de l’agglomération).
Dans le cadre des réflexions sur les futurs quartiers de veille, le fait qu’un quartier soit travaillé en GUP fait partie des critères de détermination de ces territoires.
Le travail a aussi été réinvesti dans l’étude actuellement menée par l’ADEUPA (Agence d’Urbanisme du Pays de Brest) sur les quartiers à enjeux de l’agglomération brestoise.
La gouvernance de l’espace public est née d’une démarche GUP initiée par la politique de la ville, et désormais elle nourrit la réflexion sur les futurs quartiers de veille.
Crédit photos :
Frédéric Le Mouillour / Brest Métropole
Franck Bétermin / Brest Métropole
F. Achdou / Urba Images
Date de mise à jour de la fiche : décembre 2014