Crédits photo : APRAS
Les acteurs du logement social rennais ont fait le choix de longue date de chercher à valoriser les Locaux Collectifs Résidentiel (LCR) présents sur leur patrimoine en y installant des activités, des acteurs associatifs ou en les mettant à disposition des habitants. Ces locaux en pied d’immeubles peuvent être source de difficulté de gestion pour les bailleurs et ne pas réussir à offrir de services réguliers vecteurs de bénéfices de nombreux locataires. Cependant, à l’heure d’une accentuation des enjeux sociaux (précarité, vieillissement) ces locaux peuvent être un moyen d’installer en grande proximité des services et activités pouvant servir aux habitants et, par extension, concurrencer l’installation d’activités illicites grâce aux présences et à l’appropriation des rez-de-chaussée via l’animation de ces espaces
A Rennes, cette mission de gestion et d’animation est confiée à l’APRAS (Association pour la Promotion de l’Action et de l’Animation Sociale). Par ce maintien d’espaces de rez-de-chaussée actifs et vivants, l’idée est de favoriser, attirer des présences et des publics divers sur les différents temps de la vie du quartier et ainsi de concurrencer d’autres formes d’appropriations des espaces du quartier. Même s’il est difficile d’objectiver l’influence sur les présences ou occupations liée à l’animation de ces espaces en cœur de quartier, il est possible de faire l’hypothèse sérieuse d’une influence positive au regard des activités, des appropriations et de l’attraction variée de structures et de publics.
Une mission de soutien des initiatives concrétisée par la mise à disposition de locaux en rez-de-chaussée
L’APRAS est une association rennaise dans laquelle siègent notamment les bailleurs sociaux rennais, la collectivité, etc. L’une des missions de cette structure est de soutenir les initiatives collectives, notamment celles des associations et des habitants qui logent dans les logements sociaux.
Pour y parvenir, l’APRAS bénéfice de locaux mis à disposition par cinq de ses membres (Aiguillon Construction, Archipel Habitat, Espacil Habitat, Néotoa et Ville de Rennes). Ces locaux sont en partie des LCR situés en rez-de-chaussée des immeubles. Au nombre de 140 à l’échelle de la Métropole, ils permettent de mailler finement les quartiers politique de la ville notamment et ainsi d’être le support d’animations au cœur de ces espaces résidentiels.
Ces locaux, parce qu’ils sont différents, sont destinés à différents types d’activités que l’APRAS répartit en deux grands types :
- Des salles polyvalentes qui se louent ponctuellement ou régulièrement, à l’heure, à des associations ou des habitants qui en font la demande pour des réunions, des permanences, des cours, des activités, des fêtes familiales…
- Des locaux associatifs plus pérennes puisque réservés et dédiés pour 3 ans à 176 associations qui agissent sur le territoire rennais afin de les aider à développer leur projet.
Cette modularité et la facilité d’accès à la location de ces deux types de locaux permettent à plus de 450 types d’utilisateurs de bénéficier de ces espaces qu’ils soient :
- Des familles du quartier qui louent le week-end les salles familiales de Maurepas ou du Blosne
- Des collectifs d’habitants qui se réunissent pour diverses activités
- Des associations qui sont en lien avec le territoire rennais
Des locaux qui participent de l’animation et la vie des quartiers : exemples
Ces locaux en cœur de quartiers, participent à travers les activités qu’ils hébergent directement ou indirectement, consciemment ou inconsciemment, à animer le quartier. Par des présences, des points d’attractivité liés à des activités spécifiques ou encore par des animations en direction de publics habitants, ces quartiers participent positivement à la vie des quartiers. Voici quelques exemples :
Sur le quartier du Blosne, on retrouve dans une même salle polyvalente :
- Un groupe d’habitants (voisins ou anciens voisins) qui se réunissent tous les mardis après-midi pour discuter et jouer ensemble à des jeux de société. Le local en pied d’immeuble remplace pour ce groupe la fonction que pouvaient avoir les bistrots de quartier.
- Ce même local accueille des groupes d’entraide ou des cercles de paroles sur d’autres temps de la semaine avec, par exemple, un groupe de femmes qui s’entraident pour apprendre le français et faire leurs démarches administratives, ou encore le groupe des « narcotiques anonymes » qui se réunit une fois par semaine.
- Ce local peut se transformer en surface de support d’animation de rue dans le quartier avec, par exemple, ATD Quart Monde qui l’utilise pour animer sa bibliothèque de rue tous les mercredis
- Autre exemple, dans le local de l’ilot voisin, c’est l’association Remise en jeu qui occupe tous les matins de la semaine, le local avec un groupe de jeunes sortis du système scolaire.
Dans les locaux qui sont affectés à une association, on retrouve plusieurs cas de figure s’agissant de la participation à l’animation et à la vie du quartier :
- Parfois le projet des associations ne va pas directement concerner ou intéresser les habitants de l’immeuble ou du square. Cet effort d’ouverture au quartier et de toucher des locataires n’est pas un impératif demandé aux associations puisque l’idée est également de profiter de l’attractivité financière de ces locaux pour faire venir les activités, les salariés, bénévoles ou bénéficiaires extérieurs aux QPV afin de profiter de leur présence pour activer les espaces du quartier voire même les animer en cherchant à rendre des services et à s’inscrire dans un territoire.
- Par exemple, l’association société d’horticulture a tenté avec quelques habitants de proposer un jardin arômatique, ou, dans une dimension pratique, la clé du jardin partagé d’un square est à disposition des habitants dans le local associatif en rez-de-chaussée.
- Parfois, les associations s’intègrent et adaptent leur projet plus spécifiquement au quartier et en direction des habitants :
- Par exemple, une compagnie de danse propose tous les ans un festival avec des évènements gratuits sur l’espace public autour du local ou depuis le balcon des locataires.
- Autre exemple une association a conduit des fresques participatives menées avec les habitants pour embellir les abords de l’immeuble
- Une association culturelle et de solidarité internationale a porté le projet d’une radio de quartier.
- Dans le même sujet, le Bail civil d’utilité sociale mis en place par Vilogia à Nantes Nord a pour but d’inciter l’inscription des projets associatifs hébergés dans le quartier et au bénéfice des habitants
S’appuyer sur ce maillage en proximité pour soutenir des initiatives habitantes dans les quartiers
Cette présence importante dans les quartiers et la diversité des activités et des publics touchés à travers ces locations de locaux polyvalents ou associatifs permettent à l’APRAS d’agir en grande proximité et de répondre à des besoins ou des initiatives habitantes.
A la fois, en mettant à disposition des créneaux dans les salles polyvalentes pour se réunir (jeux de société, discussions, ateliers manuels, repas des voisins…), mais aussi en aidant à leur émergence ou à leur développement en proposant des bons d’achats pour réaliser des projets (achats d’outils pour un jardin partagé, achat de boissons ou alimentaires pour un pot entre voisins, achat de petits matériaux pour la décoration d’un hall au moment de noël…). Ces aides peuvent également se matérialiser sous forme de subventions pour aider des associations qui développent un projet, ou organisent un évènement qui vont intéresser les habitant.es locataires des logements sociaux.