Quels sont les objectifs de votre association ?
L’Art S’Emporte est une association bien connue du territoire lorientais qui s’est construite sur la création d’un évènement culturel, « Les portes du Penher » en 2005. Depuis cet évènement, elle s’est professionnalisée et s’est considérablement développée et déployée dans le champ social en multipliant les dispositifs et ateliers d’expression par les arts plastiques à destination des citoyens les plus vulnérables. La mixité des publics est au cœur de ses actions.
Les participants sont des habitants des quartiers d’habitat social prioritaires de la ville de Lanester qui peuvent être en situation d’isolement, des personnes atteintes d’une maladie neurodégénérative, comme la maladie d’Alzheimer, vivant à leur domicile ou dans une structure, des aidants familiaux, des personnes avec un handicap cognitif ou mental, des enfants repérés à l’école comme étant en souffrance dans le cadre du dispositif « Réussite Éducative », également des jeunes et adultes en projet d’insertion socio-professionnelle, des enfants et jeunes, des collégiens, des lycéens, ou toute personne avec un besoin d’expression.
Comment se concrétise votre démarche ?
Quels sont les bénéfices sur les publics participant aux actions ?
L’objectif de nos ateliers n’est pas l’apprentissage de techniques, mais de permettre aux personnes de s’exprimer, de communiquer, de se projeter, d’extérioriser, de trouver un moment pour soi, de faire partie d’un groupe, créer du lien, de sortir de chez elles et de partager des moments conviviaux, améliorer l’estime de soi et la confiance en soi en prenant conscience de ses capacités. La démarche des ateliers vise à déclencher des dynamiques individuelles en agissant notamment sur l’estime de soi, par la stimulation et le renforcement de l’autonomie des personnes.
Mais c’est aussi avoir accès aux droits culturels, avoir une bonne santé culturelle, avoir accès aux arts ; une ouverture artistique et culturelle ; le développement de l’esthétique et d’un sens critique.
Nous organisons régulièrement des expositions pour valoriser leurs créations, des rencontres et des échanges avec des artistes pour vivre une aventure artistique commune. Une grande partie du travail de l’association est d’apporter une ouverture culturelle aux participants. L’association organise donc régulièrement des expositions chez ses partenaires, des sorties dans les galeries, musées et structures du territoire, des sorties à des spectacles, concerts et événements culturels.
Avez-vous un exemple de projet réalisé en QPV dont vous êtes particulièrement satisfait ?
Depuis plusieurs années, l’association fait appel à des artistes du territoire connus ou moins connus pour mener conjointement des projets artistiques dans l’idée de rendre accessible à tous le processus de création au contact même des artistes. Cela a été le cas avec notre projet « Des artistes dans les quartiers » en 2020 dans les quartiers d’habitat social de Lanester. Nous trouvons cette approche particulièrement pertinente dans le processus de démocratisation de l’Art et la compréhension de la création pour tout à chacun.
– Pour les habitants c’est être acteur dans le processus de création, de comprendre la création artistique, de rendre l’Art familier et accessible. C’est donner du sens au travail artistique, aux arts, à la culture.
– Pour le quartier c’est s’ouvrir vers l’extérieur, apporter une plus-value au quotidien des habitants, valoriser son quartier, se l’approprier
– Pour l’artiste c’est un moyen de favoriser les rencontres avec tous les publics, de créer du lien sur le territoire, de se renouveler, d’inventer, d’expérimenter de nouvelles formes de création.
Cette année 2024, durant tout le mois de mai, l’association a proposé aux habitants du quartier de Kerfrehour de participer à la « zone grisante ». Largement inspirée des terrains d’aventure, le projet a été mené par deux artistes : Marie Venon et Romane Corlay.
Cette résidence artistique dans le quartier était dans la continuité de nos objectifs : celui de se rencontrer et de renforcer le lien social par l’art et la culture. Ces terrains d’aventure, ont été une manière de s’ouvrir sur l’extérieur, tout en vivant des moments de détente, aussi bien pour les participants, que pour les équipes qui les accompagnent. Ce projet a été une invitation à prendre part dans un projet où chacun a pu laisser divaguer son imaginaire, investir un espace spécialement dédié à cela tout en se rencontrant et se divertissant.
Description du projet :
Les artistes ont proposé un espace à habiter collectivement. Il s’agissait donc de l’investir en suivant ses envies, de pouvoir y construire (métaphoriquement et architecturalement) un espace à soi, tout en étant à l’écoute des autres, de son environnement au fil des ateliers. Une habitation collective questionne les notions de soin, de création et de mise en commun, d’écoute et d’observation. La question sous-jacente est comment fait-on société ?
La zone favorise l’autonomie et l’indépendance. Les habitants ont été accompagnés par les équipes de professionnelles sur place. C’était un espace de libre d’activité où les personnes ont pu décider pour elles-mêmes de ce qu’elles souhaitaient faire. Les artistes y ont mené des activités. Une de leurs fonctions était de permettre l’apprentissage et le partage de savoir-faire et ainsi favoriser l’indépendance par le faire. L’expression la plus fidèle de son imaginaire y a été possible. Cela est passé par la multiplicité d’outils mis à disposition, mais également par l’incitation à toutes formes d’expression.
Ce projet était une invitation à partager du temps en se rencontrant avec un objectif artistique, une invitation à continuer de s’inscrire dans des projets au sein de sa cité en conservant sa place de citoyen tout en s’impliquant à sa mesure et selon ses capacités et ses potentialités. Cette expérience a permis aux habitants de passer des moments conviviaux, de ressource personnelle autour d’un moment fédérateur de création.
