Optim-Ism est une association qui propose des paniers de produits biologiques et qui s’engage dans l’insertion de personnes sans emploi par le travail de la terre. Optim-Ism ambitionne la création de micro ferme dans un quartier de Lorient.
Une implantation pensée avec les atouts du quartier
Le quartier de Bois du Château concentre un fort taux de précarité. L’INSEE en 2013 le plaçait même parmi les deux quartiers ZUS les plus en difficulté sur le territoire breton : plus du quart de la population dispose de moins de 3500 euros par an avant impôts et prestations.
Cependant, il dispose d’un potentiel accru notamment grâce à la présence d’un parc de 10 hectares. Intervenant sur ce territoire à travers l’entretien de quatre hectares d’espaces verts, l’association Optim-Ism a observé un regain d’intérêt pour les métiers agricoles.
Parallèlement, l’équipe a constaté des difficultés pour les personnes sans emploi d’aller vers la création d’activité : l’isolement rend impossible l’appui sur leur réseau, mais aussi l’importance du frein financier puisque pour entreprendre, il faut un minimum de ressources et de confiance en soi. En outre, les inégalités sociales sont bien souvent reflétées dans l’alimentation.
Avec le souci de rendre le bio accessible à tous, Optim-Ism a souhaité se rapprocher des attentes des habitants en sollicitant une enquête sur le quartier. Au final trois actions majeures sont prévues à Bois du Château pour répondre à ces enjeux : la création et l’animation d’un jardin partagé, l’installation d’une micro-ferme permettant l’installation durable de deux maraîchers, et une épicerie vrac avec des produits bio.
Des missions transversales
Cet incubateur de micro-fermes s’articule autour des objectifs suivants :
– créer une nouvelle activité économique agricole pour participer à la lutte contre le chômage et répondre à la demande locale en produits bio ;
– permettre une installation réussie de porteurs de projet agricole ;
– élaborer un modèle en vue de la duplication de l’expérience. Le projet a pour ambition de susciter des impacts divers : une image positive du quartier, des possibilités d’implication accrues pour les habitants, mais aussi l’opportunité d’agir en faveur de l’accès à une alimentation de qualité pour tous. Il agit comme un catalyseur pour le développement de nouvelles activités dans le quartier.
De nombreux partenaires
Optim-Ism s’est rapproché d’autres acteurs œuvrant sur le quartier pour renforcer la dynamique-projet : la maison de quartier, le bailleur social Lorient Habitat, l’Agence locale de l’énergie (Aloen) s’y sont associés. L’incubateur est également soutenu par la ville et l’agglomération de Lorient, et le projet est suivi par les acteurs agricoles du territoire à commencer par le Groupement des Agriculteurs Biologiques (GAB 56).
La Maison de quartier est relais du projet dans le quartier. Elle permet la mobilisation des habitants et porte notamment, en partenariat avec Optim-ism, un jardin partagé lancé au printemps 2018. Lorient Habitat est le bailleur social, propriétaire du terrain du jardin partagé.
Aloen intervient dans le quartier sur plusieurs thématiques en lien avec les économies d’énergie et l’environnement d’une manière générale. Elle porte le projet d’épicerie vrac. La Ville et l’agglomération portent le projet de manière institutionnelle, notamment auprès de l’ANRU, assurent le lien avec les acteurs concernés, et l’accompagnent.
Les terrains sont mis à disposition par la Ville / le bailleur selon des modalités actuellement à l’étude. Deux groupes d’étudiants en sciences économiques de l’UBS ont été mobilisés, l’un sur la micro-ferme et l’autre sur l’épicerie vrac. Leur travail permet notamment de prendre la température auprès des habitants sur leur intérêt en général pour les questions d’alimentation, et leur envie de s’investir dans un jardin partagé, un compost collectif, ou encore l’épicerie vrac. Une enquête en porte à-porte est réalisée.D’après les résultats, il semble que les habitants soient en grande majorité intéressés par les différents projets portant sur l’alimentation.
Concrétisation à venir
La micro-ferme verra le jour dans les années à venir (selon le terrain qui lui sera dédié) et devrait employer quatre salariés, recrutés dans le quartier et bénéficiant d’une formation-action pendant les deux ans de la phase de développement. A temps plein, leur temps sera ainsi partagé entre une formation technique, commerciale et de gestion, et l’exploitation d’un hectare de terres.
La formation-action sera assurée par l’encadrant maraîcher et un réseau de partenaires spécialisés. A l’issue des deux ans, une fois que la production sera lancée et dégagera un chiffre d’affaires, elle sera
transmise à deux des quatre maraîchers formés, qui auront confirmé leur projet d’installation. Ils s’installeront donc à leur compte et rachèteront une partie du matériel. Optim-ism réinvestira le capital dans l’installation de nouvelles micro-fermes.
Le projet fait partie du réseau Cocagne. Une partie de la production de la micro-ferme sera proposée à des prix très inférieurs à ceux pratiqués par le circuit classique (environ 30% du prix attendu), en s’inscrivant dans le dispositif des paniers solidaires du Réseau Cocagne. Il ne s’agit pas de gratuité, qui pourrait stigmatiser les bénéficiaires.
Les clients ont aussi accès à des ateliers de cuisine pour apprendre à cuisiner les légumes frais.
Quel modèle économique ?
Pour l’instant, le projet évolue en tant que chantier d’insertion. Le démarrage de l’activité nécessite 100 000 € de financements.
La volonté d’Optim-Ism est de ne pas engendrer un investissement trop lourd afin de permettre aux salariés de reprendre l’activité au bout de deux ans. Le Fonds Social Européen a été sollicité au titre de la création d’activité. Par ailleurs, conjointement avec la ville de Lorient et l’agglomération, le projet a été lauréat de l’appel à projet ANRU+, ce qui va permettre de financer une partie de l’étude en amont de l’installation.
Le montant exact n’est pour l’instant pas connu. Les investissements de départ L’investissement initial porte essentiellement sur la réalisation d’un forage et la mise en place du système d’irrigation, l’installation de tunnels (nécessaires en Bretagne pour assurer une production toute l’année), d’un local / hangar, et l’acquisition de matériel agricole. Le foncier : un enjeu majeur
Le foncier est l’enjeu majeur d’un projet agricole.
La mise à disposition d’un terrain se révèle difficile.
En milieu urbain, même dans un quartier relativement vert et espacé tel que Bois du Château, la mobilisation d’un hectare de terre de qualité dédié à une production agricole est complexe. De même, davantage de questions se posent autour de l’intégration paysagère de la ferme que dans un espace rural.
« Il faut implanter de l’activité économique, même simple, au cœur des quartiers, la montrer et ouvrir le champ des possibles pour la population. »
Max SCHAFFER, Directeur de l’association OPTIM-ISM
A retenir
– Révéler le potentiel du territoire pour en faire un outil au service du développement économique local ;
– Un projet d’entreprise, même modeste, permet de créer des emplois pérennes s’il s’inscrit dans les besoins locaux ;
– Chaque partenaire a un rôle précis dans l’action, ce qui rend la dynamique projet efficace ;
– Donner aux habitants tous les atouts pour réussir à assurer la pérennité du projet seuls : formation, accompagnement, coopération en sont les clés ;
Chiffres clé
-1 exploitation agricole créée
-50 000 € environ de chiffre d’affaires
-2 maraîchers installés durablement
Repères
Association
Lieu : Quartier du Bois du Château à Lorient
Thème : innovation, agriculture urbaine, insertion
Action : allier sensibilisation à une alimentation saine, insertion, et attrait pour le quartier
Contact : Max SCHAFFER – Directeur – max.schaffer@optim-ism.fr