Portraits de femmes. Catherine Louarn, militante de l’intérieur à Quimper

Catherine, militante de l’intérieur…

Nom : LOUARN

Prénom : Catherine

Âge : 57 ans

Quartier : Kermoysan, Quimper

Signes distinctifs : militante associative

Engagements : essentiellement ici à Kermoysan, au sein d’une association de défense des consommateurs appelée la CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie), représentante des locataires au sein de l’office HLM OPAC de Quimper-Cornouaille, administratrice de la Maison pour tous de Penhars pendant 10 ans, membre du Conseil Citoyen dans le cadre du Contrat de Ville et présidente de l’association de solidarité internationale Peuples solidaires de Quimper.

 

Catherine a choisi d’habiter à Kermoysan, il y a 35 ans. Touchée par les difficultés sociales et économiques des familles qui y vivent, elle a souhaité partager avec elles les joies et les peines. Et tenter d’apporter sa pierre au mieux-vivre ensemble.

 

« Le quartier est pluriculturel, en cela c’est riche. On se plait à dire ici qu’on fait le tour du monde en une demi-heure.»

 

 

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre quartier ?

« Kermoysan, j’y vis depuis 1985. Je n’habitais pas très loin, chez mes parents dans un quartier de maisons individuelles. Quand je me suis installée dans ce quartier HLM, j’ai eu l’impression d’arriver dans un autre monde tant les réalités sociales et économiques étaient différentes. Je suis la plus ancienne dans l’immeuble. C’est un quartier riche avec beaucoup de solidarités, d’engagements citoyens. Il s’est transformé ces dernières années dans le cadre de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine). L’association CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie) dans laquelle je milite a fait un gros travail de collectage de paroles auprès des habitants. Le quartier est pluriculturel, en cela c’est riche. On se plaît à dire ici qu’on fait le tour du monde en une demi-heure. Tous les ans, il y a une grande fête de quartier pilotée par la Maison pour tous où toutes les nationalités sont présentes. C’est un moment fort. C’est un quartier où la vie n’est pas toujours facile. Je n’aime pas dire cela, car cela montre une image négative, mais c’est la réalité. Il y a eu des violences, les habitant·e·s ne se sentent pas toujours en sécurité. C’est un phénomène sociologique. »

 

« J’ai choisi de vivre ici, avec des personnes en situation économique et sociale difficile, pour être avec elles, partager quelque chose. »

 

Quand avez-vous commencé à donner du temps pour votre quartier ? Quel a été le déclic ?

« J’étais salariée à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), au poste de permanente pour le sud Finistère. Un jour, j’ai rencontré une voiture d’un peu trop près. Ma vie a basculé. J’ai été mise en invalidité. La JOC a été mon école de vie, ça m’a énormément formée. J’étais aussi engagée à cette époque-là au Secours catholique dans une équipe de quartier qui allait dans les familles en difficulté à la demande des assistantes sociales. J’ai rencontré des personnes très courageuses, qui n’avaient parfois rien à manger, beaucoup de familles monoparentales. J’ai fait le choix de vivre ici, avec des personnes en situation économique et sociale difficile. Peut-être pour être avec elles, partager quelque chose. Je ne regrette pas ce choix, même si c’est parfois un peu difficile à vivre, il y a beaucoup de fragilités ici. »

 

Pensez-vous qu’être une femme change la donne lorsqu’on s’engage sur un territoire ? (Le regard est-il différent ? Faire entendre sa voix est-il plus difficile ?)

« Honnêtement, je ne me considère pas comme une féministe. Ce n’est pas mon combat. Je n’ai jamais fait cette relecture-là, je pense que les hommes et les femmes ont autant de qualité pour s’engager, pour être présents dans un quartier comme le mien. Maintenant, je reconnais qu’à travail égal, salaire égal, certainement. Je suis également assez fière et heureuse de m’être engagée sur la liste d’Isabelle Assih, élue première femme Maire de Quimper. »

 

 

 

 

 

Nous sortons de deux mois de confinement, quelles ont été les difficultés vécues par les familles du quartier ?

« À la CLCV, nous sommes restés ouverts. Certaines familles se sont trouvées en difficulté alimentaire, certains jeunes aussi, seuls dans des appartements. En partenariat avec la Fondation Abbé Pierre, on a distribué des chèques d’alimentation. Personnellement, j’ai eu le souci des personnes qui étaient seules. Avec celles que je connaissais, on s’appelait régulièrement. Il y a eu, je pense, de la solidarité sur le quartier. Des structures sont restées ouvertes comme elles ont pu, en respectant les mesures sanitaires. Le service de prévention, par exemple, avec les éducateurs de rue, a travaillé par téléphone. »

 

 

Avez-vous un rêve pour votre quartier et ses habitant·e·s ?

« Pour moi, ce qui est important, c’est le développement du quartier, tant culturel, qu’économique et social, pour le bien des habitant·e·s. J’ai le souhait que chacun·e·s s’y trouve bien, que chacun·e·s y trouve sa place. Il y a quelque chose qui me tient à cœur, mais je pense que c’est très difficile : c’est d’aller vers les invisibles, vers les personnes qui ne connaissent pas les structures ou bien qui n’osent pas y aller. Plusieurs associations dans le quartier partagent ce souhait-là, comme la Maison pour tous. Comment rejoindre ces personnes isolées dans leur solitude ? C’est une question que l’on doit se poser. Je n’ai pas de solution. Avec la CLCV, on essaie d’organiser des cafés infos au bas des immeubles, on discute avec les locataires. J’aimerais créer encore plus de liens entre les services et les habitant·e·s. »

Propos recueillis par Marie Fidel

 

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