Portrait d’entrepreneure. Lucie LARCHER, architecte de sa vie | Quimper

Jeune et motivée, Lucie souhaite bâtir son cadre de travail, aligné sur ses valeurs. L’idée d’un cabinet d’architecture itinérant est née de cette envie d’œuvrer au plus près de ses clients, de ses collaborateurs artisans et de ses engagements écologiques.

Nom : Larche
Prénom : Lucie
Âge : 24 ans
Signes distinctifs : Créative, manuelle et débrouillarde depuis l’enfance, Lucie persévère et n’abandonne pas facilement.
Nom de l’entreprise : Joie de Vivre
Nature de l’activité : Architecture d’intérieur et design d’espace.

Pouvez-vous vous présenter ? Qu’est-ce qui vous a mené vers l’entrepreneuriat ?

En tant que salariée, je me suis rarement sentie à ma place, sauf dans les entreprises qui favorisaient le lien entre les collègues. J’éprouve des difficultés à travailler dans des entreprises qui ne partagent pas mes valeurs. Après ma licence en design d’espace à l’école de design Nantes Atlantique, j’avais trouvé un super CDI à Rennes. J’étais conceptrice junior pour un promoteur immobilier, mais rêvais d’autre chose que cette vie de métro-boulot-dodo… J’avais du mal à me projeter dans cette ville, moi qui suis originaire de la campagne. Ma famille vit à Tours et mon copain à Quimper, alors du jour au lendemain, je suis partie le rejoindre. Mes beaux-parents m’ont accueillie les bras ouverts. J’étais indépendante depuis trois ans, j’ai voulu très vite trouver un emploi et un logement. Après six mois de galère à essayer de trouver quelque chose d’intéressant, face à de nombreux refus, je me suis posé des questions : est-ce que je ne me donnerais pas ma chance moi-même ? Je n’avais rien à perdre.

«Après six mois à essayer de trouver un emploi, je me suis dit : est-ce que je ne me donnerais pas ma chance moi-même ? Je n’avais rien à perdre. »

Quel projet avez-vous développé et pourquoi ?

J’ai décidé de monter un projet d’architecture qui me ressemble, mais parallèlement, il me fallait vivre. Pendant un an et demi, jusqu’à septembre 2024, j’ai mené trois activités : deux boulots à temps partiel et la création de mon entreprise. Je travaillais comme vendeuse polyvalente, en complément j’étais serveuse dans un bar. Avec mon projet d’entreprise, ce n’était pas tenable. Alors j’ai démissionné et trouvé un poste plus stable, en CDI, me permettant de développer mon entreprise en parallèle, en accord avec mon employeur. J’avais envie de mettre ma pierre à l’édifice, car le monde du bâtiment fait partie des pôles qui polluent le plus au monde. Les solutions prises par les gouvernements sont vouées à l’économie au détriment de l’écologie. J’avais envie de créer une petite entreprise d’architecture non seulement proche de ses clients, mais aussi respectueuse de l’environnement. Je souhaite aussi favoriser l’artisanat français, comme par exemple, le toit de chaume, plus isolant thermiquement et phoniquement que les ardoises… J’ai envie d’être proche des artisans, comprendre comment ils travaillent, faire avec eux pour que les plans soient faciles d’exécution. J’ai envie de les suivre. Sans eux, l’architecture n’est rien. L’objectif est de pouvoir me rendre accessible à tous… Voilà pourquoi j’ai le projet de monter un cabinet itinérant, pour le rendre plus proche de mes clients et respectueux des artisans.

Quels ont été les réussites et les freins dans la mise en œuvre de votre projet ?

J’ai dû prendre confiance en moi et mon projet et trouver des personnes qui y croient. Bien s’entourer est important pour réussir à faire grandir le projet et le rendre solide dans le temps. Un des gros freins quand on entreprend est la peur de l’échec, ne pas réussir à trouver des clients, douter de ce que l’on est capable de faire, tout un tas de questions auxquelles on n’aura pas les réponses sans essayer. Il faut trouver le courage de se lancer. Un autre frein est l’aspect financier. J’avais besoin d’un bon salaire pour démarrer. Au début, je cumulais deux emplois, plus un troisième : la création d’entreprise. J’ai pris conscience qu’il fallait trouver une solution, et trouver un emploi stable pour mettre mon temps libre à profit pour ma micro-entreprise. Ma plus grande réussite est d’avoir réussi à faire ce choix, de privilégier un salaire pérenne, dans un premier temps, pour construire sur des bases solides un projet d’entreprise plus abouti. Je n’ai pas abandonné, je me donne les chances de réussir. Une autre réussite a été d’avoir réussi à bien m’entourer dans une ville où je ne connaissais personne.

Comment et par qui avez-vous été accompagnée dans le montage de votre projet ?

J’ai été accompagnée par des personnes bienveillantes : Frédéric Pochard de l’Adie, Clothilde Breton de la mission locale et Daniel Sommer, un entrepreneur retraité qui me parraine. Ils m’ont toujours apporté des réponses constructives. Au départ, j’ai demandé à la mission locale s’ils accompagnaient des jeunes dans leur projet d’entreprise. Clothilde m’a présenté un parrain, qui m’a aidée à consolider mon idée et la faire grandir. Elle m’a aussi orientée vers l’Adie. Frédéric est toujours à l’écoute des projets, et m’a permis de me former en marketing, pour fixer mes prix, que l’entreprise soit viable. Il m’a présenté des partenaires qui aident les jeunes à se lancer de manière pérenne. Récemment, j’ai participé à un concours international de la fondation Larsen (créée au Danemark en 2001 pour promouvoir l’architecture au sens large). Mon projet a été retenu pour la première phase, j’ai ainsi pu bénéficier des conseils de deux professionnels pour le développer et le rendre plus clair. Après deux mois de coaching cet été, j’ai envoyé une vidéo professionnelle présentant mon activité. Si je suis retenue, la prochaine étape est de défendre mon projet à Paris. À la clé, il y a une prime de 8000 euros pour investir dans son entreprise.

Quelles sont les particularités d’exercer votre activité en quartier prioritaire ?

«Les personnes qui vivent ici méritent d’avoir un intérieur dans lequel elles se sentent bien. Je souhaite que mon entreprise soit accessible à tous. »

Justement, habiter ici m’a permis de participer à ce concours de la Fondation Larsen qui met en avant des entrepreneur⸱es de quartiers prioritaires dont les projets portent un engagement social et environnemental. J’habite dans un logement social, à proximité des grands immeubles de Kermoysan. Contrairement à ce que l’on peut penser, c’est un quartier calme. On a même un festival chaque année. Je n’aime pas la connotation péjorative du mot « cité ». Des personnes vivent ici et méritent d’avoir un intérieur dans lequel elles se sentent bien. Mon entreprise va dans ce sens-là, je souhaite qu’elle soit accessible à tous. Je désire trouver des solutions pour que chacun puisse habiter dans un lieu où il se sente bien, peu importe le salaire ou le quartier, car l’habitat participe au bien-être psychologique. Je sais qu’ils essaient de redynamiser ce genre de quartiers. À terme, l’idée est de travailler avec la Ville pour donner une plus belle image de ce quartier.

Quels sont vos souhaits pour l’avenir et pour développer votre activité ?

D’abord, acheter un camion et le retaper, pour créer mon cabinet itinérant. La prime du concours Larsen pourrait m’aider à concrétiser ce projet. En attendant, je travaille dans mon bureau, à domicile… À plus long terme, le rêve serait de développer une franchise avec de nombreux petits camions « Joie de Vivre » conduits par des architectes qui partagent mes valeurs. Pourquoi pas ?

Propos recueillis par Marie Fidel

 

 

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