Quel titre choisir pour cette publication ? Portraits de vieux ? D’anciens ? D’aînés ? De retraités ? De seniors ?
Si nous savions qui nous voulions rencontrer, notre troisième édition de portraits nous a questionné sur le titre. De cette interrogation, nous en avons tiré la certitude qu’il était bien difficile de définir ces femmes et ces hommes que nous allions mettre en lumière.
Parce que ce sont autant de chemins, d’histoires, d’embûches, ce sont autant de rêves évanouis ou en construction, d’exigence, de projets, de vécus. Ils ont tous été jeunes, amoureux, ardents, sportifs, beaux, lisses et chevelus, ils ont tous eu des coups durs et de belles rencontres. Ils ont en commun d’habiter dans un quartier populaire. Et malgré leurs puissants récits, est apparu comme une évidence : les personnes âgées dans les quartiers prioritaires sont victimes d’un double stigmate, celui d’être âgé dans un quartier où la jeunesse est prédominante et celui d’appartenir à des catégories sociales modestes dans des quartiers dont l’image est négative.
Alors que nous ont-elles dit ? Elles nous ont dit être bien chez elles, que le collectif était important, qu’elles ne se sentaient jamais seules, qu’elles étaient heureuses, fières d’être à leur place. Elles nous ont livré des histoires tristes d’exil, de violence, de misère, de séparation et les chemins de la réparation. Elles nous ont raconté leur attachement à leur quartier, ce qu’elles en ont changé et ce qui les a changées. Elles nous ont, pour beaucoup, dit leurs craintes pour les jeunes et leur avenir dans une époque complexe et difficile. Ces portraits sont plein de sagesse pétillante, de cœurs engagés, de mémoires vives et de transmission bienveillante. Ce sont des portraits de héros, d’héroïnes, d’humanité brute et d’optimisme sans faille et quel que soit le titre choisi, ce sont des portraits bouleversants de vie.