Après avoir découvert les fléchettes dans son enfance et avoir pratiqué durant toute sa jeunesse, Baïlo Seghier remporte à plusieurs reprises les titres de vice-champion de France junior, champion régional et départemental. Il évolue en tant que joueur professionnel depuis deux ans. Très impliqué dans la vie de son quartier, il est aujourd’hui vice-président du Local, espace de vie sociale, dans le quartier de Prézégat, géré bénévolement. Dans ce cadre, il entend faire découvrir sa pratique sportive en proposant dès septembre 2023 des sessions de fléchettes sur cible traditionnelle pour toutes et tous.
Nom : SEGHIER
Prénom : Baïlo
Âge : 24 ans
Signe distinctif : Il pêche très régulièrement en bord de mer, une pratique de patience qui lui permet de se sentir calme et serein.
Sport pratiqué : Les fléchettes sur cible électronique.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Baïlo Seghier, j’ai 24 ans, j’habite dans le quartier de Prézégat à Saint-Nazaire. Au niveau de mon parcours professionnel, j’ai d’abord passé un bac technique santé sociale. Après, je suis parti sur des études d’éducateur sportif. J’ai travaillé un peu pour la ville de Saint-Nazaire et j’ai arrêté complètement, je suis parti dans le commerce. J’ai aussi voulu me former donc je viens d’avoir mon diplôme de manager d’unité marchande. Je vais continuer à travailler au Joué-Club de Guérande, j’aime bien le contact avec les gens, la clientèle. Je suis aussi vice-président du Local de Prézégat. C’est un espace de vie sociale où tout le monde peut venir, adhérer à l’association. On propose plein d’activités tout au long de l’année, ça peut aller de l’aide aux devoirs jusqu’à des ateliers couture, des ateliers créatifs. L’été, il y a beaucoup de sorties, pour les adultes ou les enfants. On essaye de lier tout le monde parce que ce n’est pas toujours facile de faire sortir les adultes du quartier. Les jeunes, ça va, ils aiment qu’on fasse des activités, mais on essaye aussi d’emmener leurs parents, qu’il y ait des liens de famille qui se créent, et qu’on puisse faire des choses ensemble. Et puis si on en vient aux fléchettes, avec des collègues, on va ouvrir des sessions au Local pour faire découvrir ce sport.
« Le but est de faire découvrir les fléchettes à tout le monde. Dans le quartier, il y a beaucoup de football et un peu de sports de combat. On veut faire découvrir ce jeu d’adresse et de calcul mental. Il y a beaucoup de pédagogie là-dedans et on aimerait que ça se démocratise plus à Saint-Nazaire et dans la région. »
Quelle est votre pratique sportive ?
La pratique des fléchettes me vient de mon père et de mon oncle. Depuis tout petits, ils jouent aux fléchettes, ils ont même été dans la création de fléchettes en Loire-Atlantique dans les années 80. Ils ont monté un petit club à Saint-Nazaire. Ça jouait dans une cave au début, et puis ça s’est démocratisé, il y a eu plusieurs clubs et ils ont pu monter un championnat. Moi, je voyais mon père s’entraîner à la maison sur une cible traditionnelle. Ça m’a tout de suite plu. Avec mon père, on s’entraînait, et je joue vraiment en compétition depuis l’âge de 9 ans. Après, je suis monté en gamme petit à petit, jusqu’à être plusieurs fois vice-champion de France junior, et sélectionné en équipe de France. J’ai voyagé dans toute la France pour faire des compétitions nationales, même un peu en Europe. Pendant cette période, j’ai dû être 5 ou 6 fois champion régional et départemental, et puis je suis passé en catégorie des plus de 18 ans. J’ai eu un peu de mal à m’adapter en termes de niveau de jeu parce que là, on passe un cap, mais j’ai quand même gagné des compétitions. Après, j’ai découvert les fléchettes électroniques. C’est très différent, c’est un monde à part. Par exemple, si vous allez au championnat de France qui se déroule chaque année à Vannes, c’est incroyable, vous avez des centaines et des centaines de cibles, c’est la fête des fléchettes ! Tout le monde s’apprécie. Les fléchettes, c’est aussi la convivialité. Ça fait deux ans que je suis passé en catégorie professionnelle sur les fléchettes électroniques. C’est la catégorie la plus haute. Je n’ai pas encore eu de gros résultats mais je me stabilise dans ce niveau.
Que représente cette pratique pour vous ?
Ça représente énormément. Ça m’a permis de m’évader du quotidien à l’adolescence. Quand je me retrouve seul face à la cible, je ne pense à rien d’autre, je suis dans la compétition. Ça permet de s’évader et ça permet aussi de voir du monde que l’on n’a pas l’habitude de voir tous les jours. Ça m’a vraiment apporté en calcul mental. Ça m’a fait progresser énormément en mathématiques. Sur les cibles traditionnelles, vous partez de 501 points. Il faut déduire son score à chaque fois de 501 et il faut tomber juste. Sur la cible, il y a des segments qui comptent triple, ou double, plus la bulle qui compte 50. Il faut savoir où on place ses fléchettes et où on en est dans la partie, donc il faut calculer. Et c’est aussi pour ça qu’on veut le faire découvrir aux jeunes parce que ça peut vraiment les aider dans leurs études. En termes sportifs, ça apporte de l’adresse, énormément de concentration, parce que les fléchettes, c’est du mental, avoir du sang froid, ne pas stresser quand il faut mettre la fléchette au bon endroit. Les adversaires sont à côté donc il faut rester concentré. Ça apporte tout ça.
« Ça peut apporter de l’ouverture sur les autres parce que, j’insiste sur le mot, c’est hyper convivial. Dans les fléchettes en général, on aime bien pouvoir discuter avec tout le monde, discuter de tout et de n’importe quoi et ça apporte beaucoup de lien social. Ça devient un peu une petite communauté. »
À l’avenir, quelles évolutions liées au sport aimeriez-vous voir se développer ?
Concernant mon sport, ce serait de démocratiser les fléchettes en France en général, en commençant par le département et la région, et c’est pour ça qu’on ouvre cela au local, pour le faire découvrir au plus grand nombre. Le quartier de Prézégat est un peu particulier parce qu’on est un peu à l’écart de tout. C’est un îlot sur Saint-Nazaire et on aimerait le faire découvrir à tout le monde, que les gens n’aient plus d’appréhension à y venir, parce qu’ils ne le connaissent pas. Donc le faire découvrir, qu’il prenne un peu plus d’importance, et qu’au niveau de la municipalité, il y ait plus d’implication dans le quartier. Dans le sport en général, surtout en ce moment, il y a pas mal de problèmes en termes de racisme. Il faudrait amener plus de tolérance. Je ne sais pas comment mais, par exemple, il y a les Jeux Olympiques en 2024. Ils vont sûrement faire des choses et il faut essayer de travailler pour que ça touche tout le monde, pour éliminer ce racisme. Il y a une nouvelle génération qui arrive dans les fléchettes et dans le sport en général, et je trouve qu’il y a plus de tolérance, c’est plus ouvert sur les autres, et je pense que là-dessus, c’est en bonne voie.
Propos recueillis par Claire Gadebois
