Après avoir été formé au SCO d’Angers, Nougzar évolue au poste de pilier droit au club de Floirac (Fédéral 1), et poursuit un double cursus, entre sa pratique du rugby qu’il aimerait professionnelle, et une licence dans le cadre d’un Cycle Pluridisciplinaire d’Études Supérieures (CPES) à Bordeaux, mention Sciences et Société. Du rugby aux projets d’études axés sur l’environnement, il transpose les valeurs qui lui sont chères : goût de l’effort, respect, et loyauté.
Nom : ADJAMOV
Prénom : Nougzar
Âge : 20 ans
Signe distinctif : Son leitmotiv : un sourire arrange tout.
Sport pratiqué : Le rugby, il est pilier droit dans le club de Floirac et évolue en Fédéral 1.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Nougzar Adjamov, j’habite à la Roseraie depuis que j’ai 6 ans, et on est toujours restés là-bas. Je suis allé à l’école primaire du quartier. Ma maman ne voulait pas que j’aille au collège du quartier et on a trouvé un collège privé en centre-ville. Je donne beaucoup d’importance à mes études malgré le sport. Le sport c’est génial mais si on se blesse ou qu’on ne peut plus en faire, il faut un diplôme, et dès le début, les parents et le club ont vraiment appuyé là-dessus. Je suis à Bordeaux pour faire mes études, je suis en CPES, Cycle Pluridisciplinaire d’études supérieures, mention Sciences et Société. La 1ère année on avait un grand choix de matières et j’ai fait de la gestion, de la socio, des maths, de l’anglais et une matière qui s’appelle Vivre durablement. Chaque semestre, on traite une problématique liée à l’environnement puisque c’est la colonne vertébrale de notre cursus. J’aimerais finir ma licence. Après, au niveau du rugby, si j’ai le niveau qui me permet d’en vivre, de me professionnaliser c’est super, mais l’avantage d’avoir un diplôme, c’est que si ça ne peut pas se faire, et bien j’irai en études à fond. Ça me permet de mener un double projet, si l’un ne fonctionne pas, j’ai l’autre. L’objectif premier est quand même de faire du rugby, c’est ma passion numéro 1.
« J’aimerais en faire ma vie, j’aime trop ce milieu, on est tous solidaires. Peu importe où on va, les valeurs sont les mêmes. Ceux avec qui j’ai commencé le rugby il y a douze ans, je suis encore très ami avec eux et je sais que dans trente ans je serai encore ami avec eux. C’est une famille. »
Comment avez-vous rencontré le rugby ?
J’ai commencé le rugby à 8 ans. J’étais hyper actif et en surpoids, j’étais le plus grand et le plus lourd dans mes classes. J’ai voulu faire du sport pour me défouler et pour ma santé aussi. J’ai une grande sœur qui a 7 ans de plus que moi et son prof principal en 4ème, son prof de sport, entraînait aussi au club. Il s’appelle Fabrice Troadec et je lui dois beaucoup. C’est lui qui m’a amené au sport. Il m’a dit de passer au club. Je suis venu, j’ai été super bien accueilli par Jean-Claude Delbart, un grand pilier du club. Il était choqué quand il m’a vu et qu’il a su que j’avais 8 ans. Il m’a direct emmené sur le terrain. Mon 1er entraîneur c’était Jean-Pierre Termeaut, qui est là depuis 1970. Fabrice a repris le flambeau, de mes 10 ans jusqu’à mes 19 ans. Il m’a appris plein de choses qui me servent encore maintenant. Les matins de match, je venais à pied, il passait à 7h devant chez moi pour m’emmener. C’est une personne extraordinaire, on est toujours en contact. Le rugby m’apporte plein de choses, de la rigueur, de l’organisation. Ça a commencé tout petit, bien faire son sac, ne rien oublier, se lever à l’heure, bien se tenir. Et se donner à fond pour ses copains, le sens du sacrifice. Moi quand je suis sur le terrain, mes coéquipiers sont comme des frères. C’est de la solidarité, des principes et des valeurs que je peux appliquer dans le monde professionnel.
« J’ai un prof de philo qui me disait que tout ce que m’apporte le rugby, dans le monde professionnel, ça a une valeur inestimable, parce que quand on sait tous les efforts que doit fournir un sportif de haut niveau pour atteindre son objectif et là où il se projette dans le futur, tout ce qu’il doit sacrifier et combien de temps ça dure, et bien cette personne si on l’embauche, elle va être à fond. »
Comment pratiquez-vous ce sport ?
Dans la manière de jouer au rugby, chaque coach apporte sa vision du sport. Il y en a des plus brutaux, à l’ancienne. Fabrice est super pédagogue, il nous apprenait à jouer un beau rugby, bien se déplacer, bien courir et puis le goût de l’effort, se donner à fond, ne jamais s’économiser. Moi j’étais un peu flemmard quand j’étais petit. C’est grâce à lui que j’ai maintenant un jeu qui, je pense, me différencie des autres à mon poste. Je suis pilier droit, c’est un poste rugueux, où on nous demande de tenir la mêlée, d’être solide, d’impacter l’adversaire dans les règles, et lui m’a appris à jouer comme un 3ème ligne. Tu dois courir, faire des passes, te replacer, ne jamais t’arrêter et ça me permet de m’élever un peu plus. Je m’entraîne beaucoup pour tenir les mêlées mais j’ai aussi mon jeu qui s’adapte à l’évolution de ce sport. Je lui en suis reconnaissant.
« Il y a des personnes qui ne se sentent pas sportives, qui se sentent nulles, mais tout le monde a son niveau et donne ce qu’il peut donner. Il faut regarder ce que ça nous apporte à nous-mêmes et pas se comparer aux autres. Cette rigueur, cette discipline, on peut la transposer partout, c’est pour ça que c’est important de faire du sport. »
À l’avenir, quelles évolutions liées au rugby ou au sport aimeriez-vous voir se développer ?
J’aimerais que ce sport se développe à fond. C’est une année importante pour le rugby avec la coupe du monde. C’est un sport qui n’est pas connu de tous, il est dur à comprendre, par rapport au règlement. Quand on regarde un match de foot, on comprend tout de suite ce qu’il se passe alors que le rugby, c’est plus compliqué. Il y a un gros enjeu par rapport à ça, vulgariser le règlement pour que tout le monde puisse comprendre. Le club fait un très beau travail sur ça. Cette année, il y a un gros événement qui est le Mondial des Quartiers, avec des interventions dans les écoles, dans les collèges, avec de plus en plus de partenariats. C’est un enjeu parce que les jeunes ne connaissent que le foot, surtout dans les quartiers. Ça permet de faire connaître le rugby, de découvrir ce sport et ses valeurs. Si chaque club fait ça dans son département, c’est génial. Et si on gagne la coupe du monde, ce sera encore mieux. Ça diffuserait toutes ces valeurs. Chaque sport est bien, dès qu’il y a du sport dans les quartiers c’est génial, mais peut-être qu’il y en a qui ne se retrouvent pas dans le foot. Le fait qu’on rajoute d’autres activités au panel du quartier, c’est top, il n’y a jamais trop de sport dans les quartiers.
Propos recueillis par Claire Gadebois