Le futur de la politique la ville s’invente dans les territoires | 27 mars 2023, Saint-Nazaire

L’évaluation des contrats de ville a mis en évidence l’importance de construire une approche de la politique de la ville davantage ancrée dans les quartiers tout en réaffirmant l’approche  partenariale de cette politique publique.

Parmi les défis identifiés et les besoins exprimés par les acteurs de terrain, nous pouvons citer le soutien dans la durée et le désir de construire des espaces de pilotage et de projets davantage inclusifs.

A partir des expérimentations en cours, des bonnes pratiques déjà à l’œuvre dans l’Ouest, cette journée a permis de dessiner le futur de la politique de la ville.

Les retours d’expériences des pratiques québécoises donnent à voir une approche originale du développement des quartiers qui s’appuie sur la communauté pour conduire les changements attendus à la fois pragmatiques, inclusifs et collectifs.

Le futur de la politique de la ville s’invente dans les territoires ?

Bien que la politique de la ville soit une politique nationale inscrite dans la loi de 2014 (Lamy), sa mise en œuvre est du ressort des territoires et des partenaires locaux. Si le cap national tarde, il ne doit pas pour autant empêcher les acteurs locaux, en premier lieu le bloc communal et les EPCI, de renouveler les logiques d’intervention à l’échelle des quartiers. Parmi les sujets figurent notamment :

  • La construction d’un projet territorial pour les quartiers (et par le quartier)
  • Renouveler les cadres de références de soutien aux quartiers par des approches de développement local (approche intégrée, intersectorielle, inclusive et collective)
  • Construire un contrat de ville comme espace de coopération et d’innovation (en proposant de nouvelles approches de planification, orientées « changement »)

Retour d’expérience l’Impact collectif expérimenté par plusieurs collectivités

Avec Christine DUVAL, Cheffe de projet – ANCT et Rémi SEUX, Délégué du Préfet – Préfecture de Saint-Etienne

Principes de l’Impact Collectif :

L’expression « impact collectif » a été inventée en 2011 par John Kania et Mark Kramer,consultants au FSG. Leur article sur l’impact collectif paru dans le magazine Stanford Social Innovation Review décrit certains des ingrédients permettant aux initiatives communautaires de passer d’une situation où les « actions et les résultats sont fragmentés » à une « action commune menant à un impact collectif profond et durable ». Cet article a eu l’effet d’un électrochoc dans le domaine du changement communautaire en Amérique du Nord, alors pourquoi pas en France avec notre politique de la ville ?

Sa raison d’être en France

Les inégalités territoriales ou les problèmes sociaux, comme le chômage, le décrochage scolaire ou l’accès aux droits, sont très complexes à appréhender et nécessitent une action collective bien organisée pour trouver des solutions adaptées. Les fondements de l’approche de l’impact collectif reposent sur le constat qu’aucune organisation isolée ne peut parvenir à générer à elle-seule des changements sociaux de grande ampleur.
Si l’idée de coordonner les efforts paraît simple en théorie, la mettre en oeuvre nécessite la collaboration rigoureuse d’acteurs provenant de différents secteurs. Dans ce moment de réflexion autour de la nouvelle génération des contrats de ville, l’approche « impact collectif » apparaît comme une opportunité pour proposer des changements concrets de paradigme de l’animation de la politique de la ville.

Les conditions de mise en œuvre

Pour organiser cette action intersectorielle, cinq conditions sont à mettre en travail. Ces dernières sont interdépendantes et reposent sur des principes de collaboration et de coopération entre les parties prenantes.

  • Une vision partagée du changement visé est construite collectivement. On aspire à faire oeuvre commune en regardant ensemble dans la même direction !
  • Les actions se renforcent mutuellement. Cette synergie d’actions a une plus grande incidence sur les changements visés.
  • Les systèmes d’évaluation sont partagés. Ils permettent de faire des apprentissages stratégiques et ainsi de mieux appréhender des phénomènes complexes.
  • Des communications sont soutenues pour mobiliser les premiers concernés. Rien à propos de nous, sans nous !
  • La structure de soutien permet de faire vivre la collaboration et la coopération entre les parties prenantes en gardant le cap sur le changement visé.

 

Ressources pour approfondir la notion d’Impact Collectif

L’article fondateur sur l’Impact Collectif de la Social Review

Présentation de la démarche Quartiers à Impacts Collectifs

Portrait des territoires

Retours d’expériences de Saint-Étienne

Un calendrier serré a permis au trio pilote de l’expérimentation de poser collectivement avec les acteurs jeunesse du quartier un portrait de territoire, d’aller consulter de jeunes habitants et des parents ainsi que d’élaborer une vision collective.
A partir de cette vision, un premier « appel à vision » pourrait être lancé courant décembre pour permettre aux acteurs locaux de
proposer des « stratégies » permettant d’atteindre cette vision. La démarche de coopération est en cours de construction et se situe à part entière dans un processus expérimental et itératif

https://prezi.com/view/vdCxzsVaplPRjGMezqvj/

Ateliers | Demain sur mon territoire, quelles transformations engagées pour le prochain contrat de ville ?

Trois ateliers ont été proposés aux chef.fe.s de projet et agents de l’état pour cheminer sur l’évolution de la politique de la ville.

Le premier concerne, la dimension inclusive du contrat de ville et s’attache à la place des habitants dans le contrat de ville. Les conseils citoyens introduits par la Loi de 2014 ont impulsé la création de nouveaux espaces d’interactions entre les institutions et les habitants des quartiers. En 2023, les constats partagés démontrent que les instances de participation citoyenne sont essentielles mais doivent s’adapter aux réalités locales,  doivent reconnaitre les habitants comme des partenaires à part entière pour pouvoir agir pleinement. Pour ne pas être un objet accessoire, la participation citoyenne doit s’élever à un niveau supérieur , au delà de sa dimension « consultative » pour travailler de concert avec les autres partenaires du contrat de ville (cf. échelle de HART). Agir sur les postures et reconnaitre les habitants comme partenaires supposent des aménagements (simplification des termes techniques, horaires adaptés, accompagnement du groupe habitants) et d’établir une forme de contrat entre habitants et institutions.

Le second atelier s’est attaché à identifier la dimension collective du contrat de ville. Cette dimension doit pouvoir se construire à l’échelle du quartier (de vie) par la création d’une gouvernance propre (copil, cotech) afin de favoriser le travail inter-acteurs dont les citoyens. La politique de la ville pourrait renouer avec des approches de développement social, de développement local en partant de la base pour élaborer un réel projet de territoire. Il s’agirait de se construire une vision sur du long terme, avec des priorités resserrées et des indicateurs d’évaluation élaborés en amont et en commun avec les acteurs concernés. Cette approche suppose de travailler les postures de l’ensemble des partenaires et de s’engager collectivement sur les actions pour se coordonner sur le terrain.

Le troisième atelier a quant à lui souhaité explorer la dimension financière du contrat de ville et le soutien aux acteurs associatifs. Au préalable, il a semblé important de réaffirmer la place des associations dans la politique de la ville comme partenaire à part entière. Cela suppose de construire une nouvelle approche dans laquelle l’appel à projet ne serait plus l’outil unique de cette politique publique. Les financements en direction des associations pourraient être modulés selon le type de projets, la taille des associations. Le financement pourrait se décomposer de la manière suivante :

1. Un fonds d’amorçage pour des projets d’innovation (collectifs)
2. De la souplesse dans l’octroie de financement aux petits projets (dossier simplifié, au fil de l’eau, soutien administratif…)
3. Des CPO pour des projets récurrents, structurants pour le quartier en affirmant le soutien au fonctionnement

Sur le volet financier à noter également l’intérêt de construire une entrée unique pour les porteurs de projet à l’image du comité des financeurs de Rennes.

 

Fait avec Padlet

 

 

Expériences québécoises de soutien communautaire et de revitalisation urbaine intégrée (RUI)

La présentation de la Revitalisation Urbaine Intégrée a offert aux participant.e.s une approche réaliste et pragmatique de ce à quoi pourrait ressembler la politique de la ville en 2024. On y retrouve l’ensemble des ingrédients évoqués en début de journée.

Depuis plus de 20 ans, cette démarche est éprouvée à l’échelle d’un quartier, nous laissons en prendre connaissance pour vous en inspirer. Nous avons été séduit par le pragmatisme québécois. Inspirons-nous !

Virginie Gauthier – Coordonnatrice – Revitalisation Urbaine Intégrée (RUI) du Vieux-Gatineau

Marie-Hélène Gélinas  – Directrice générale du Comité de vie de quartier du Vieux-Gatineau et co-leader du chantier Développement social et culturel

À partir du milieu des années 1980 : tendance importante de l’État québécois à adopter des politiques publiques reconnaissant davantage l’importance des contextes endogènes des communautés. Cette décentralisation conduit à l’arrivée de nouveaux acteurs dans le champ du développement territorial. Les grandes villes deviennent des espaces d’expérimentation de nouvelles formes d’actions publiques. On constate alors l’importance de la concertation intersectorielle comme stratégie incontournable pour résoudre des problèmes complexes dont les causes sont multifactorielles ainsi que l’importance de l’appartenance territoriale afin de lutter contre la pauvreté. On retrouve dans ce type d’intervention l’approche territoriale intégrée (ATI) et la revitalisation urbaine intégrée (RUI).

La RUI est définie ainsi : «Les démarches de revitalisation intégrée sont inclusives, territorialisées, globales, intersectorielles, participatives, pérennes et professionnelles. Elles se concrétisent dans des projets globaux de développement sur un territoire déterminé. L’objectif est l’amélioration de la qualité de vie des citoyens et citoyennes à partir de la dynamique locale, en travaillant de manière concertée entre partenaires intersectoriels et multi-réseaux et en s’appuyant sur la participation des citoyens à toutes les étapes du processus.». En 2017 il existait une quinzaine de démarches RUI au Québec.

A retenir :

– Une approche orientée changement

– Une vision à 10 ans

– Une approche par le bas, c’est à dire par et pour la communauté

– Une gouvernance qui favorise la gestion collective de la démarche et le partage des responsabilités entre partenaires ; le comité assure la cohérence entre la vision, les chantiers et les actions

– Des partenaires en soutien à l’action de terrain

– Pas d’appel à projet mais un plan d’actions collectif

– Une équipe coordinatrice en soutien des chantiers et un inter-chantier pour mettre en commun, valider, remobiliser… et aussi faire la fête

 

Plus d’information sur la RUI

Diaporama présenté

Bilan mi-parcours 2016 / 2020 du programme d’actions de la RUI

Suites envisagées :

– Voyage d’étude au Québec

– Formation et accompagnement des démarches locales sur le principe de l’Impact Collectif et de la RUI

Contacts :

RésO Villes – Frédéric FRÉNARD – 06.21.79.34.27 – frederic.frenard@resovilles.com

Une erreur est survenue lors de la récupération des informations de l'évènement