Un collectif habitant infléchit une décision publique pour sauver un cœur d’ilot vert | Rennes, Quartier Le Blosne

Article rédigé par les membres du collectif habitant : Nicole Santarelli, André Sauvage, Claude Schopp

Cet épisode du quartier du Blosne témoigne d’une méthode de mobilisation d’habitants performante, basée sur une conquête de légitimité de leur action. Elle a mis en cause la gestion technocratique des services qui, pour des raisons diverses : sécurité financière, efficacité immédiate, précipitation etc. renoncent parfois au traitement de la complexité et au principe de précaution.  Les élus, éclatés sur différents fronts, n’apportent pas toujours l’attention critique qu’il faudrait aux solutions techniques avancées. En tant que lanceurs d’alerte, les habitants ont contraint les élus à revenir sur leur décision, non pour les dévier de leur programme municipal mais pour y revenir. Nous proposons d’exposer ici les situations de tension sur les lieux et usages, la violence des transformations décidées, les moments de dialogue musclé ou apaisé, pour terminer sur les enseignements à tirer de cette tranche de la vie d’un quartier populaire en mutation.

1. Le jardin du Triangle, un lieu approprié par le voisinage et pour la biodiversité

La « Zup Sud » de 50 000 personnes, terminée fin des années 70, découpée depuis en 2 quartiers dont le Blosne, est entrée en réhabilitation depuis 2009. Une première ZAC dite Blosne-Est vient déposer sur l’existant une couche urbaine contemporaine. Parmi les 1500 logements en cours de construction, un espace central de quartier et des équipements nouveaux, les responsables ont profité des espaces verts préalables (110 ha sur 350 ha urbanisés) pour combiner avec l’existant un parc en réseau, aménité urbaine à vocation écologique.

Le jardin concerné dit du Triangle, d’une surface d’un peu plus d’un hectare, recèle de très beaux arbres, beaucoup d’oiseaux et fait partie de l’environnement des riverains qui y trouvent des utilités multiples. Dans cet îlot vert, on se promène seul, avec des poussettes, on sort des chiens, on y vient pour accéder à la halle du grand équipement culturel du quartier (Triangle) ; ce petit parc central, environnement immédiat de jeunes adultes et de familles populaires logées dans les tours, constitue un espace commun qui leur permet de supporter l’étroitesse de leur logement. Les beaux jours venus, on prend le soleil sur les pelouses, on y fait goûter les enfants, tout en profitant du spectacle de la faune (aviaire, piscicole autour de la mare). Le coassement des grenouilles n’est-il pas un lointain écho des ambiances sonores d’avant la Zup ?  Salon urbain multi service, lieu de rencontres, aux périodes chaudes ses arbres bordant la butte offrent des points de fraîcheur pour les familles piégées dans les « fours » que deviennent vite les appartements non traversants qui bordent le secteur. Aux beaux jours, les présences se font plus intenses, les usages plus variés. Les uns sirotent sous les ombrages, d’autres se lancent dans des barbecues, des jeux de plein air soutenus par force musique, quelquefois tard dans la nuit… Des comportements à risques prennent malheureusement parfois le dessus – on a vu des gens en pleine canicule allumer un barbecue sous les arbres – « Ils allaient tout cramer, on a alerté la police municipale pour les virer » soupire une riveraine. Tout indiquait que cet espace public allait devoir être requalifié dans le cadre de la Zac, en en entérinant ces appropriations par les habitants, et dans le respect de la Charte rennaise de la démocratie locale, qui décline différents niveaux de participation des habitants, allant de la basique information à l’échelon le plus élaboré de la co-construction.

2. Des accrocs dans la confiance

Juste avant la crise sanitaire, les riverains constatent une nette réduction des surfaces à leur disposition.  L’installation d’une « ferme urbaine » en est la cause. Des habitants en décrivent l’irruption ainsi : des employés sont venus, ont planté un pourtour, puis des panneaux au nom des « Cols verts », et installé des bacs de terre. On ne savait pas ce qu’étaient les Cols verts, on n’était pas hyper emballé : qu’est-ce que ça vient faire ici sinon amorcer un autre usage pour le jardin, certes avec une empreinte écologique assez faible, du fait de l’absence de construction en dur. Les habitants s’interrogeaient. Les préventions contre la ferme urbaine commençaient à tomber avec le constat que sa présence limitait les usages inappropriés dans le jardin, quand surgirent de nouvelles rumeurs inquiétantes.

D’un côté, lors d’un conseil de quartier consacré à la santé sur le Blosne menacé de désertification médicale, en distanciel (à la rentrée mi 2021), les participants sont informés de l’arrivée de services psychiatriques adaptés aux besoins déjà évalués. A cette occasion, le représentant du Centre Hospitalier Guillaume Rénier (CHGR) fait savoir que l’établissement s’engageait dans des opérations immobilières sur le Blosne : le déplacement sur le quartier du centre médico-psychologique pour adultes actuellement basé rue de la Sauvaie, et le déplacement du CMP enfants et adolescents (sis rue de Chatillon à Rennes), nécessitant un foncier de quelque 2000 m2, avec de vagues indications de sites.

De l’autre, les jardiniers de la ville confiaient à une habitante, utilisatrice riveraine, une information tellement invraisemblable qu’elle n’y a pas trop cru : la construction d’un bâtiment dans le jardin. Elle avait déjà enregistré le déplacement de la crèche dans une partie excentrée du jardin, en bordure d’avenue, projet urbain justifié dès lors qu’il vise à améliorer l’environnement d’enfants présents la journée durant. Mais les informateurs affirment qu’il s’agit cette fois d’un hôpital de jour pour enfants.

La consultation de la maquette du quartier à la maison du projet, qui réouvre après de nombreux mois de confinement, apporte la confirmation de ce projet d’aménagement et que la brutale réduction du jardin était bien en marche. Rencontrée lors d’une de ses permanences en novembre 2021, l’élue de quartier confirme aussi le projet. Le couple d’habitants initiateurs de la mobilisation dénonce l’inacceptable spoliation des habitants les plus pauvres, sans voiture, qui ont trouvé dans le jardin de multiples services, et l’atteinte grave à la biodiversité présente dans ce lieu. Et ils annoncent à l’élue la création d’un collectif pour s’opposer au projet. Avant de se séparer, ils conviennent d’une rencontre organisée par l’élue avec Marc Hervé, l’adjoint à l’urbanisme.

3. Affûter ses forces et les montrer

En prévision de cette rencontre, le couple initiateur du collectif a réalisé et affiché dans les halls d’immeubles autour du jardin deux affiches : l’une présentant le projet menaçant le jardin, vérifiable par consultation à la maison du projet, et l’autre sollicitant la création d’un collectif pour être participant à la séance avec la Ville. Ces affiches et le bouche à oreille ont signé la naissance du collectif et permis qu’une quinzaine de riverains soient présents à la rencontre avec la Ville le 11 janvier 2022.

Lors de cette rencontre, les techniciens et élus ont présenté les transformations de façon précise et argumentée. Le collectif est informé que cet aménagement au centre du jardin amenait l’arasement de la butte centrale pour y construire le bâtiment, le traçage d’une voie traversante, le déplacement de la ferme urbaine près de la mare. Avec la construction de la crèche et de son jardin, l’espace disponible pour les habitants serait extrêmement restreint et n’en permettrait plus les usages actuels. Il y a de fait une « privatisation » du jardin.  Le collectif suggère – avec une fin de non-recevoir immédiate – de profiter de la déconstruction de la crèche pour y placer l’équipement.

La rencontre suivante avec l’élue de quartier constate certes l’absence de solution de rechange, mais fait entrevoir la survenue d’une trêve : le collectif apprend en effet la démission de la directrice du CHGR et en l’attente d’une nomination, tout (notamment le dépôt de PC) est suspendu.

Le collectif met ce temps à profit pour se renforcer. Il enregistre en particulier le soutien du personnel et bénévoles de la Ferme urbaine, fermement décidés à ne pas déménager pour s’installer sur un terrain moins favorable à leur activité et contribuant à la mise en danger de la biodiversité du jardin.

Le collectif met notamment en place une pétition de main à main, en direction des utilisateurs du jardin, des riverains et de ceux qui travaillent aux alentours, pour présenter ses arguments et propositions, en vue obtenir un soutien actif de leur part. Les listes de signatures s’allongent et sont envoyées électroniquement par paquets de 250 pour maintenir la pression, à Madame la Maire et à Monsieur Hervé, avec un petit courrier de rappel. Dans le même temps (14 mars) un courriel à la Maire, et un autre aux élus écologistes de la Ville présentent les arguments et propositions du collectif et se termine par l’incitation à rejoindre leur point de vue. La réponse, arrivée deux mois plus tard, rappelle que les élus ont bien entendu et qu’ils vont trouver une solution pour contenter tout le monde : quand et comment ?

Seconde confrontation le 30 mars 2022 : la Ville invite par voie d’affichettes les habitants à une réunion d’information sur la présentation d’un immeuble d’habitation (Kérédès) destiné à être construit en lisière du jardin avenue Andrée Viollis, sans aucune évocation du CMP et du jardin. Mais sitôt le propos introductif de l’élue terminé et la présentation de l’immeuble faite devant une assistance nombreuse, le jardin a polarisé le débat, objet auquel la directrice-adjointe du CHGR (normalement non concernée par l’objet de la rencontre), s’est pourtant prêtée. Son propos, comme ceux d’autres représentants des instances locales ont soulevé la colère des partisans de la protection du jardin. La soirée s’est conclue sur le constat d’un dialogue de sourds (intermittent) ; opposition entre l’élue qui invite à la poursuite de la concertation et dénégation immédiate de son existence par les militants du collectif : la concertation ne peut se poursuivre car elle n’a jamais existé, pourquoi les habitants n’ont pas été informés bien en amont ? Faisant preuve d’une bonne volonté apaisante, l’élue confirme l’absence de dépôt du PC et propose une rencontre sur site avec tous les acteurs, sans préciser la date.

Cette troisième rencontre prend la forme d’une déambulation (24 mai 2022). Une présence fournie de responsables techniques de la ville et de Rennes Métropole se presse sur la ligne de départ… sur laquelle le collectif n’est pas prêt à s’aligner sans lever un préalable : y participer va-t-il changer les choses ? Assuré par l’élue qu’une ouverture est possible, il se lance dans la démarche. Ce tour de jardin vise à révéler les souhaits des habitants pour améliorer et protéger le jardin : car si la revendication principale du collectif est le refus d’une spoliation des riverains, il se bat aussi contre son abandon, marqué par de trop rares interventions de routine ; il tient à sa qualification en espace naturel et au respect de la nature, de la biodiversité, du voisinage, au changement de son image pour inciter les habitants à y venir en confiance. Ces participants avaient en mémoire les bénéfices apportés par l’animation inclusive de la maraîchère de la Ferme urbaine : accueil au jardin de gens en difficulté, produits écoulés prioritairement vers les milieux populaires mais aussi fermeté compréhensive auprès des consommateurs alentours pour empêcher les déchets sauvages, respecter l’activité jardin.

A l’occasion de cette déambulation, qualifiée à son terme de nécessaire et constructive par tous les participants, l’hypothèse d’un espace constructible pour le CMP, situé dans le bas de la future rambla sur l’avenue Andrée Viollis et à proximité du jardin, est évoquée par l’élue et les techniciens. Perspective présentée comme un plan B par l’élue, et qui ne semble pas soulever d’obstacles majeurs, sous réserve des vérifications de faisabilité technique du projet à cet emplacement.

Ainsi, après à peine 7 mois d’existence, le collectif aperçoit une sortie de crise possible vers une solution acceptable. Et s’il ne relâche pas son activité militante (la pétition atteint plus de 900 signatures en juin), il convie en même temps le 19 de ce mois, avec succès, à un rassemblement festif avec goûter et jeux pour les familles riveraines.

 

4. Une sanctuarisation juridique

Une question préoccupait les responsables du collectif : comment acter définitivement la conservation de la verdure en cœur d’ilot ? Ils vont forcer le destin à l’occasion de la réactualisation du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI). L’enquête publique s’ouvre de fin avril jusqu’au 13 juin, mais concerne prioritairement les communes périphériques ; cependant, il est convenu que les commissaires enquêteurs accueillent d’autres demandes concernant le territoire rennais. C’est dans cette brèche que s’engouffre le collectif et ses alliés : ils vont par de multiples écrits convaincre les commissaires de la gravité des enjeux et demandent que l’ensemble de la parcelle (LP102) passe du classement UO1 et UG2A à celui de NESS (espace naturel, économie sociale et solidaire). Dans leur argumentaire, ils reprennent entre autres l’argument de l’utilité sociale de la ferme urbaine pour aider les familles en difficultés, pour fait vivre ensemble la diversité sociale en extérieur et réduire le sentiment d’insécurité.

Par ailleurs, avec les variations climatiques, le couvert arbustif offre un îlot de fraicheur de proximité fort apprécié avec le retour des canicules. Sa disparition entrainerait des modifications qui devraient être évaluées, car il s’agirait de soustraire un bien commun à la population. Ce site est primordial pour le parc en réseau, en particulier pour la fixation de la biodiversité. En effet, les corridors verts programmés avec ce parc, utiles pour les passages d’espèces comprennent des ruptures viaires ; elles constituent autant de filtres favorisant la présence d’espèces naturelles. Assurer la biodiversité nécessite des points de fixation (bosquets) pour détendre la prédominance déplorée d’espèces, notamment aviaires. Dans l’incertitude, un recensement et une étude d’impact devrait être entrepris avant de bousculer des fonctionnements biologiques existants. Et ces arguments en appellent à l’application des principes de la « Charte rennaise de la démocratie locale et de la participation citoyenne ». Principes qui imposent -lorsqu’il y a des désaccords patents- à non seulement informer les habitants-tes mobilisés-es, mais aussi co-construire un compromis sur la décision, et ainsi vivifier la vie citoyenne en légitimant leur pouvoir d’agir confirmé par la prise en compte de leurs avis dans la décision finale.

Informé de la question imposée à Rennes Métropole -maitre d’ouvrage- par la commission d’enquête : « La protection des espaces verts, dont le « jardin du triangle » et la ferme, sera-t-elle maintenue en cas de réalisations d’équipements collectifs comme un centre médical ? », le collectif ne crie pas totalement victoire car la réponse du pouvoir local laisse néanmoins des échappatoires possibles: « des dispositions réglementaires de protection paysagère existent sur le plan de zonage en vigueur du PLUi. Au sein du secteur « Jardin du Blosne », le PLUi identifie plusieurs secteurs d’intérêt paysagers au titre de l’article L. 151-19 du Code de l’Urbanisme qui vise à préserver le caractère végétal de l’îlot. Cet outil « espace d’intérêt paysager et écologique (EIPE) » du PLUi permet de gérer les autorisations de construire tout en respectant les qualités du paysage existant, ces espaces sont ainsi inconstructibles à l’exception des constructions, travaux et ouvrages ne compromettant pas le caractère d’intérêt de ces espaces. »

Rennes Métropole ajoute : « L’îlot accueillera à terme un établissement de santé public à destination pédopsychiatrie. Les qualités paysagères existantes, la proximité des équipements publics existants (écoles et crèche) et la présence de transports en communs performants constituent un cadre urbain et paysager qui répond aux besoins nécessaires à l’exercice des fonctions de cet établissement de santé. Pour autant, une attention particulière sera faite sur l’implantation des bâtiments futurs pour une insertion dans le respect du caractère paysager du site. Les espaces verts identifiés en EIPE seront préservés et le principe de liaisons douces entre la rue André Violis et la rue de Hongrie est maintenue afin d’accompagner les continuités piétons-cycles entre l’Est et l’Ouest du quartier en lien avec la mise en réseau des espaces verts. Les différentes zones de constructions potentielles feront l’objet de concertation, à travers notamment des ateliers qui se dérouleront à l’automne 2022 et des déambulations dans le quartier. » L’appréciation des enquêteurs publics reste dubitative et invite à la prudence en ces termes. « Concernant le Jardin du Triangle dans le quartier du Blosne à Rennes, la commission d’enquête estime que la réponse de Rennes Métropole reste confuse quant à son devenir, et souhaite son maintien pour l’harmonie du quartier tout en considérant que ce projet d’aménagement envisagé pourra valoriser le secteur. »

Néanmoins, depuis septembre 2022 les évolutions s’avèrent plutôt rassurantes et l’idée d’aller vers une ZAD dans le jardin, qui a pu traverser les esprits de quelques membres du collectif si la Ville s’obstinait dans l’emplacement initial, s’éloigne : par courrier en date du 22 septembre adressé au collectif d’habitants, l’élue de quartier et l’adjoint délégué à l’urbanisme confirment l’abandon du projet de construction dans le jardin et, avec l’accord exprimé par le Directeur du CHGR, l’implantation de ce CMP avenue André Viollis. Parmi les facteurs apaisants on retient d’abord ici l’empathie de l’élue de quartier qui a participé par son rôle d’ambassadrice à la transformation de la trêve en un traité de paix. Il a pris la forme d’une collaboration du collectif aux trois ateliers qui se sont tenus pour co-programmer les transformations à venir de l’îlot (le dernier s’est tenu le 7 décembre) ; soutenu par Le Facteur Urbain, bureau d’urbanisme spécialisé dans la négociation, ce temps d’échange a donné lieu à l’expression des attentes et des propositions très concrètes des riverains.4

5. Une stratégie méthodique

Certes, l’histoire n’est pas définitivement écrite, tant que la construction sur le site finalement retenu n’est pas engagée. Cette prudence nécessaire n’empêche pas, pour conclure, de tirer quelques enseignements afin d’éclairer les méandres des dialogues urbains.

D’abord, il faut une maîtrise du collectif. Un tel regroupement n’a pas (comme dans une association) de déclaration explicitée d’une mission sociale ni de statut. Cette absence de cadre d’action nécessite une gouvernance claire, n’autorisant pas de dérapages d’objectif (passer par exemple d’un combat contre une implantation inadéquate à un mouvement politique) ni d’appuis tous azimuts (comme faire appel à des regroupements associatifs) qui risque d’ajouter du flou et dévoyer l’objectif initial en s’éloignant de l’expression des habitants. La responsable du collectif, réactive, a su juguler ces tentations.

Le collectif s’est sorti d’un autre piège : montrer qu’il n’était pas contre l’arrivée d’immeubles nouveaux sur le secteur, ni contre l’implantation des équipements psychiatriques. Il a à chaque fois pris les devants et clarifié ce à quoi il s’opposait : la disparition du jardin.

Le collectif a aussi fait une analyse juste de la situation ; d’abord du fonctionnement du jardin et de l’attachement des gens du voisinage à des accès libres.  Ensuite les responsables du collectif se sont inscrits dans une démarche citoyenne en respectant d’emblée la délégation instituée du pouvoir et en se maintenant à un niveau d’échange au plus près du terrain, avec les habitants, les élus, les partenaires sur le quartier et une sollicitation mesurée de la presse locale. Cette démarche annonçait la volonté de se centrer autour d’une action concrète : conserver les utilités et les aménités du jardin du Triangle au bénéfice des riverains usagers et de la biodiversité du site.

Le combat mené est caractéristique des enjeux urbains contemporains. En effet, ici comme dans beaucoup de conflits, l’objet fondamental a consisté à affronter la légalité technocratique (des services techniques de la Métropole) qui détient un imposant leadership au départ, pour lui opposer une légitimité de revendication des habitants ; puis la mobilisation s’est appliquée à convaincre que la légalité municipale et les décisions induites bafouaient le bien commun ; le crédit social accumulé par le collectif lui a permis de faire traduire cette reconnaissance dans le PLUI, le règlement local d’urbanisme. C’est là tout l’enjeu de la démocratie participative, mais on ne peut l’approcher sans modération, réactivité et fermeté ni non plus sans prendre en compte et cultiver la confiance entre les acteurs légitimes sur le terrain : l’élue de quartier a pu en être la garante dans le cas du Blosne.

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